Le Covid long est défini par l’Organisation mondiale de la santé comme un syndrome post-Covid survenant chez des personnes ayant eu une infection probable ou confirmée par le SARS-CoV-2, généralement trois mois après le début des symptômes, persistant au moins deux mois et ne pouvant être expliqué par un autre diagnostic.
Dans ses réponses rapides sur le diagnostic et la prise en charge des symptômes prolongés du Covid-19 chez l’adulte, la Haute Autorité de santé (HAS) a pris en compte les symptômes persistant au-delà de quatre semaines. Pour accompagner les professionnels de santé, l’instance a mis à disposition 13 fiches, portant sur les symptômes divers et fluctuants associés*.
Vers une plateforme pour recenser les cas
« Dès la fin de la première vague épidémique en mai 2020, la persistance de symptômes plusieurs semaines ou mois après les premières manifestations a été décrite chez plus de 20 % des patients après cinq semaines et plus et chez plus de 10 % des patients après trois mois », note la HAS. Néanmoins, l’ampleur du phénomène reste mal connue. Une proposition de loi (PPL) présentée par le député UDI Michel Zumkeller visant la création d’une plateforme de référencement des malades chroniques du Covid a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 26 novembre, mais doit encore être examinée au Sénat.
La PPL prévoit que les personnes enregistrées soient prises en charge à 100 % par l’Assurance-maladie et les complémentaires de santé. La plateforme devrait aussi permettre de lancer une étude à grande échelle pour mieux connaître ce syndrome grâce au questionnaire médical de l’assurance-maladie. Car les contours de ce Covid long font débat dans le monde médical. En particulier, une étude française parue début novembre dans le « Jama Internal Medicine » a fait couler beaucoup d’encre par tribunes interposées dans « Le Monde ».
Polémique entre scientifiques
Cette étude fait état d’une association forte entre la croyance d’avoir eu le Covid et la persistance de symptômes. Si les symptômes sont bien réels, il convient de ne pas tout attribuer au Covid long, pour éviter le risque d’erreur ou d’errance diagnostique, avertit le Pr Cédric Lemogne, chef du service de psychiatrie de l’adulte à l’hôpital Hôtel-
Dieu (AP-HP) et premier auteur de l’étude. « Une fois éliminé un diagnostic différentiel, il faut se poser la question des croyances des patients et des comportements induits qui peuvent être une source de pérennisation des symptômes », recommande-t-il.
Après la publication, des médecins ont contesté ces résultats, dénonçant des erreurs méthodologiques et considérant que cette étude suggère que le Covid long est une « maladie imaginaire ». L’épidémiologiste Marcel Goldberg, co-auteur de l’étude, s’est dit « profondément choqué par la façon dont ces collègues ont jugé bon de faire connaître leurs critiques », estimant qu’ils ont bafoué les règles déontologiques inhérentes à la démarche scientifique.
La poursuite des travaux sur le Covid long apparaît donc essentielle pour mieux définir et prendre en charge cette nouvelle entité. L’ANRS-Maladies infectieuses émergentes a ainsi lancé en octobre un appel à projets pour 2022.
* Douleurs, douleurs thoraciques, dyspnée, fatigue, kinésithérapie-réentraînement à l’effort, kinésithérapie-syndrome d’hyperventilation, manifestations neurologiques, lésions cutanées, troubles oculaires, symptômes digestifs, symptômes dysautonomiques, troubles du goût et de l’odorat, et troubles somatiques fonctionnels.