À l'occasion de la présentation de ses vœux pour l'année 2021 ce 28 janvier, Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP) a largement évoqué la question de la vaccination contre le Covid en officine. À l’instar des syndicats, elle souhaite que la profession puisse y être autorisée le plus vite possible.
Pouvoir vacciner contre le Covid-19 : les pharmaciens et la population « n'attendent que ça », a souligné Carine Wolf-Thal. Alors qu'une centaine d'établissements pharmaceutiques assurent déjà la livraison de vaccins et que des officines approvisionnent certains EHPAD, la profession est maintenant « prête à passer aux étapes suivantes », affirme la présidente du CNOP. Si elle ne veut en aucun cas remettre en cause le rôle et l'efficacité des centres de vaccination, Carine Wolf-Thal estime que s'appuyer sur le réseau de proximité offert par les professionnels de santé de ville est désormais indispensable. « Il y a aujourd'hui un millier de centres de vaccination en France, c'est très bien, mais des officines, il y en a 21 000. Des difficultés d'accès à ces centres ont été évoquées par les associations de patients, notamment pour la prise de rendez-vous, il y a des trous dans la raquette. On ne cible pas encore assez certaines catégories de la population, on ne met pas encore assez l'accent sur les personnes âgées », observe-t-elle.
Comme l'a rappelé la présidente du CNOP, le ministre de la Santé s'est montré favorable à l'idée d'autoriser les pharmaciens à vacciner, même si ces déclarations attendent désormais d'être traduites en actes. « Il faut anticiper, ne pas attendre la dernière minute pour nous dire que l'on peut vacciner, même si l'on doit commencer avec un nombre restreint de doses », affirme Carine Wolf-Thal, qui estime donc que les retards de livraison de doses de vaccin ne doivent pas être un frein à la vaccination contre le Covid en pharmacie, au contraire même. « Nous avons montré avec les masques au printemps que nous pouvions parfaitement organiser une distribution au compte-gouttes, voire à l'unité. Le vaccin d'AstraZeneca doit bientôt être disponible, (l'avis de l'Agence européenne du médicament (EMA) est attendu pour le 29 janvier), si nous avons des doses en faible quantité, il est pertinent de faire de l'officine un lieu de stockage du vaccin. Les pharmaciens pourraient vacciner eux-mêmes, arroser tous les territoires et permettre aux autres professionnels de santé de s'approvisionner », expose-t-elle. Pas question non plus de renoncer définitivement aux vaccins à ARN messager. « Le vaccin Pfizer se conserve cinq jours dans un frigo normal, même avec le temps de transport, il reste encore deux ou trois jours où ils pourraient être utilisés en officine. Les questions de logistique ne sont pas rédhibitoires », a-t-elle tenu à souligner.
Selon Carine Wolf-Thal, la Haute Autorité de santé (HAS) doit livrer la semaine prochaine ses recommandations sur la place qu'auront - ou pas - les professionnels de santé de ville dans la campagne de vaccination. Si les officinaux sont autorisés à vacciner leurs patients, comment pourrait-on assurer la répartition des doses, qui risquent de ne pas être aussi nombreuses qu'espérées dans les prochaines semaines, entre tous les pharmaciens volontaires ? Plusieurs scénarios sont à l'étude, dont un évoqué ce matin par la présidente du CNOP. « On ne va pas pouvoir livrer 21 000 officines d'un seul coup. On ne va pas non plus sélectionner des officines, la force du maillage c'est justement de pouvoir perfuser tous le territoire. On pourrait envisager, par exemple, un système de stocks tournants. Sur un bassin de vie défini, à l'échelle d'un canton ou d'un département, il s'agirait de livrer une semaine la moitié des officines puis approvisionner l'autre moitié la semaine suivante. » Une fois l'autorisation accordée aux pharmaciens, si tel est le cas, les négociations pourront officiellement s'ouvrir avec également, en point de mire, la question de la rémunération sur laquelle tout reste à faire aujourd'hui.