En 2023, malgré toutes les problématiques actuelles concernant l'accès aux soins, la France ne déplore aucun désert pharmaceutique sur son territoire.
« Néanmoins, cela pourrait arriver d'ici à quelques années », avertit Philippe Besset. Le président de la FSPF a souvent eu l'occasion d'échanger sur le sujet avec des représentants du ministère de la Santé, et plus précisément avec ceux de la DGOS, au cours des dernières semaines. Au cœur des discussions, un projet de décret visant à identifier les territoires fragiles en termes d'offre pharmaceutique. La première mouture du texte avait fortement déplu aux syndicats, mais aussi au Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP). Depuis, les parties concernées tentent de trouver un terrain d'entente pour faire avancer ce projet, qui vise notamment à accorder des aides financières aux officines dont une éventuelle fermeture pourrait s'avérer très préjudiciable pour la population.
Identifier les territoires (et non les pharmacies) fragiles
Afin d'identifier ces territoires fragiles, Philippe Besset, en collaboration avec l'USPO et le CNOP, a proposé à la DGOS de se baser sur des critères précis. « Le but est d'identifier les territoires fragiles, pas les officines en difficulté. On parle donc de communes qui ne disposent que d'une seule et unique pharmacie. Il faut premièrement voir quelle population est desservie par ladite pharmacie. Est-ce que plus de la moitié de la population de la commune en question se rend bien dans cette officine ? Est-ce que la majorité de la population du village d'à côté y va également ? Combien de communes alentour dessert-elle précisément ? Quel est l'environnement économique de cette pharmacie et dans quelle dynamique se trouve-t-elle ? Quelle distance devraient faire les patients si elle venait à fermer ? », liste Philippe Besset. En répondant à toutes ces questions, le président de la FSPF estime qu'il serait alors possible de déterminer si un territoire est bel et bien vulnérable et si des aides peuvent être accordées à la pharmacie qui s'y trouve pour qu'elle puisse maintenir son activité. Reste maintenant à convaincre les autorités compétentes du bien-fondé de cette stratégie afin d'entamer concrètement ce travail de cartographie. « Je pense que 1 000 pharmacies au maximum, soit 10 par département, pourraient être considérées comme étant implantées dans des territoires fragiles », estime le président de la FSPF.
En parallèle, Philippe Besset fonde aussi beaucoup d'espoir sur la possible réalisation d'un rapport « évaluant les conséquences de la concentration du réseau officinal et des opérations de restructuration par regroupements et par rachats-fermetures sur le nombre, la présence et le maillage territorial des officines ». Une mesure précisée dans un amendement adopté en première lecture à l'Assemblée nationale dans le cadre de l'examen de la proposition de loi Valletoux sur l'accès aux soins. Le président de la FSPF a également l'intention de consulter dans les prochains mois les étudiants pour savoir ce qui les incite (ou au contraire ce qui les dissuade), à s'installer dans les territoires ruraux.