C'est en tout cas ce qu'a fait une équipe coordonnée par l'université Vanderbilt (Nashville) dans un essai randomisé de supériorité (baptisé Scout-Cap) chez 380 enfants âgés de six mois à six ans (en moyenne de trois ans) en tenant compte de l'acceptabilité pour comparer cinq (189 patients) et dix jours de traitement (191 patients). Au final, chez les enfants ayant répondu initialement, un traitement court s'est révélé préférable : à efficacité et tolérance similaires, il permet de réduire l'exposition et l'antibiorésistance. Concernant ce dernier paramètre, c'est l'une des rares études à l'avoir mesuré dans ce contexte. L'article a été publié dans le « Jama Pediatrics ».
Des recommandations françaises
En France, dans son guide pratique de 2016 mené sous la coordination du Dr Robert Cohen, le Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) de la Société française de pédiatrie recommandait déjà, dans les pneumonies communautaires avec suspicion de pneumocoque, de l'amoxicilline 80-100 mg par jour en trois prises (IV ou PO) pendant cinq à sept jours. Les experts soulignaient d'ailleurs que « la généralisation du vaccin antipneumococcique conjugué à 13 valences (Prevenar 13) a permis de réduire l'incidence globale des pneumonies te des pleurésies ».
Le critère d'efficacité étant l'obtention de l'apyrexie à 48 heures, « une répartition en deux prises par jour peut être envisagée dès l'amélioration clinique », est-il même précisé. Pour les autres cas de figure (pneumopathies atypiques, de déglutition et a fortiori formes compliquées et/ou sévères), le schéma reste au minimum de 10 jours et pour des choix d'antibiotiques variés.
Pour ce nouveau travail soutenu par les Instituts nationaux de la santé américains, les chercheurs ont utilisé comme critère de jugement principal la réponse finale au traitement ajustée à la durée du risque antibiotique. Ce critère composite, désigné par l'acronyme Radar, classe la réponse clinique, la résolution des symptômes et les effets indésirables associés aux antibiotiques selon une échelle ordinale d'attractivité allant jusqu'à huit (Door). Dans un sous-groupe d'enfants, des gènes de résistance aux antibiotiques dans la flore oropharyngée étaient quantifiés dans des prélèvements de gorge réalisés entre le 19e et le 25e jour.
Pour être inclus, les enfants devaient être en bonne santé et présenter une pneumonie communautaire non compliquée en structure de ville ambulatoire ou aux urgences dans l'un des huit centres participants. L'antibiothérapie proposée était de la famille des bêta-lactamines : amoxicilline, amoxicilline + acide clavulanique ou cefdinir. Étaient exclus les enfants présentant une température ≥ 38,3 °C dans les 24 heures précédentes, une tachypnée (fréquence respiratoire > 50/min pour les moins de deux ans et > 40/min pour les plus âgés) ou une toux sévère. L'inclusion a été menée entre décembre 2016 et décembre 2019, c'est-à-dire juste avant la pandémie de Covid-19.
Au final, moins de 10 % des petits patients de chaque groupe ont présenté une réponse clinique inadéquate ou des symptômes persistants. Les événements indésirables étaient fréquents, globalement légers et similaires dans les deux groupes. Les auteurs conviennent que la persistance dans le temps des gènes de résistance observés n'est pas connue, « la pertinence clinique de ces résultats est incomplètement comprise », écrivent-ils. Mais ils ajoutent que ces résultats vont dans le sens du postulat qu'à efficacité et tolérance égales, une durée plus courte est préférable, en raison d'une pression de sélection moins forte, mais aussi d'une « stratégie plus confortable et coût-efficace pour les soignants ».