« Au début de l’été, nous avons commencé à recevoir des personnes qui se plaignaient du nom de la pharmacie, certains se prenaient en photo devant ; nous avons même reçu des menaces de mort », explique Thierry Ramon, titulaire de la Pharmacie de la Négresse*, dans le quartier de Biarritz qui porte aussi ce nom, depuis 1861.
Fer de lance du combat contre cette dénomination, l’association bordelaise Mémoires et Partages** en dénonce les connotations racistes et sexistes. Aussi, face à la montée des tensions, l’officine a décidé, début août, d’occulter sur sa façade, son nom controversé : « En pleine crise sanitaire, débordés par les tests, nous avions autre chose à faire que subir ces critiques quotidiennes, précise Thierry Ramon. Mais, en fait, la pharmacie n’a pas changé de nom. » En effet, sur Google, comme sur le répondeur de l’officine, Pharmacie de la Négresse demeure.
Néanmoins, après l’occultation, l’officine a de nouveau été prise à partie sur les réseaux sociaux, mais cette fois, par ceux qui lui reprochent d’avoir cédé à la polémique. Des emballements qui ne concernent guère les habitants du quartier : « Ils ne sont pas favorables au changement de nom du quartier, reconnaît Thierry Ramon, mais ils ont compris notre décision. Ils savent que sommes là pour les soigner et rien d’autre. »
Apaisement
Dans cette affaire, le dernier mot pourrait revenir aux tribunaux. En effet, l’association Mémoires et Partages envisage d’attaquer la mairie devant le tribunal administratif, pour la dénomination de ce quartier qui, avant 1861, s’appelait Harausta. « Une décision de justice serait sans doute la meilleure des choses pour faire taire les polémiques », indique Thierry Ramon.
En attendant, Philippe Morel, ancien titulaire de la pharmacie de la Négresse, a suggéré une autre solution, à ses confrères : rebaptiser l’officine « Anderea belza farmazia » qui, en basque, signifie « la pharmacie de la femme noire ». À suivre…
* Le nom de ce quartier de Biarritz, où se trouve la gare, viendrait d’une femme des Antilles dont l’auberge servait les soldats de Napoléon Bonaparte.
** Qui n’a pas pris contact avec la pharmacie.