Jacques Germain a ouvert le 1er janvier 1961, et, à 84 ans, le confrère n'envisage pas d'arrêter, car « rien ne vaut le travail ».
Saint-Erme est un très vieux bourg du Laonnois, qui compte aujourd'hui 1 800 habitants. Jacques Germain en a vu naître et vivre la plupart, des gens en activité, puis partis à la retraite ou en maison de retraite. « C'est alors que, bien souvent, ça tourne mal, car la retraite, ce n'est pas vivre », assure-t-il. Mieux vaut donc ne pas lui parler de diminution de l'âge de la retraite, encore moins de RTT (réduction du temps de travail).
Ce confrère « a toujours voulu être pharmacien, et ne [s'est] jamais interrogé sur son métier », depuis soixante ans. Il a fait ses études à Nancy (« et de la gueule, je suis », affirme-t-il, selon le dicton lorrain), puis, de la Meurthe et Moselle, est venu en Picardie.
Il pense être le plus vieux, « ou l'un des deux plus vieux », client(s) de l'OCP, et porte un œil très critique sur l'évolution de notre société, et de la pharmacie, au cours de ces dernières dizaines d'années. « Tout va de travers, fustige-t-il : on n'avait plus le droit aux préparations, mais tout d'un coup on redevient capables de préparer du gel face au coronavirus ; on vend des génériques pour être moins cher que le princeps, et faire des économies, mais maintenant le princeps vient au même prix que le générique. » L'administration, bien sûr, en prend aussi pour son grade.
Le confrère, qui emploie quatre salariés, ne montre pourtant aucune amertume. Juste, peut-être, un œil plus acéré que lui permet son expérience.