QUAND ON ARRIVE par les airs à Lisbonne, on survole toujours la ville. Là, il y a sept collines comme à Rome. Et le Tage, c’est presque aussi beau que le Douro qui coule à Porto. Deux ponts enjambent le fleuve. L’un a été bâti par Salazar dans les années 1960. Il ressemble singulièrement au Golden Gate. L’autre, qui a été construit pour l’exposition internationale de 1998, traverse l’estuaire du fleuve sur plus de 17 km. Le viaduc le plus long d’Europe, dit-on. Il a été baptisé Vasco de Gama, héros légendaire qui avait plutôt l’habitude de prendre le bateau.
Le patchwork de toits ocre qui surplombe les ruelles blanches des vieux quartiers donne un air de Méditerranée en lisière de l’Atlantique. D’ailleurs, la mer est partout et les bateaux s’amarrent dans le centre-ville. Dans un décor pareil, on s’attend à des cris et à des femmes volubiles. Rien de semblable. Le haut de la ville, épargné par le tremblement de terre de 1755, c’est Naples sans le son. Dans le bas, on a repeint les quartiers de Pombal avec des couleurs italiennes. Le Chiado et le Rossio sont des quartiers réservés aux piétons et aux marchands ; la place Camoes est le lieu des rassemblements populaires et des rendez-vous amoureux. Alfama est un labyrinthe en pente gardé par les marchandes de poissons. Le 13 juin, jour de la Saint-Antoine, patron de la ville, la fête est immense. On fait griller les sardines et on chante le fado sous les lampions. Le matin, des processions religieuses sont parties de la cathédrale du XIIe siècle située à l’emplacement d’une ancienne mosquée et se répandent dans les ruelles tortueuses. Ce jour-là, on arrête le service des tramways bringuebalants dont certains datent de l’entre-deux-guerres. La Baixa, reconstruite après le tremblement de terre, aligne ses rues tracées au cordeau.
À l’intérieur des maisons, des azulejos donnent de la fraîcheur. Les azulejos, c’est tout ce qu’il y a de charnel dans la vie, mais pétrifié dans un four. On voit les plus beaux dans le palais du marquis de la Fronteira. Les Portugais, qui aiment voir loin, ont le secret de ces belvédères, les miradouros, dont la situation offre des vues grandioses sur les collines, les cascades de jacarandas importés du Brésil et les quartiers animés. Ils ont même fait venir Gustave Eiffel pour construire l’ascenseur de Santa Justa, qui relie le Rossio au quartier des Carmes. Ainsi, il faut descendre les collines de Lisbonne comme un escalier. À chaque étage, on trouve une exposition de la culture.
À la suite de Pessoa.
L’homme qui a le mieux raconté cette ville était un piéton de génie, sorte d’Ulysse contemplatif, malgré dix années d’exotisme passées en Afrique du Sud. Fernando Pessoa – le plus grand écrivain portugais du XXe siècle, un mythe national – n’a cessé de déambuler élégamment vêtu dans la capitale portugaise. Sa statue trône sur la terrasse du A Brasileira, l’un des plus vieux cafés du Chiado. Le matin, on vient y boire un bica (expresso) ; le soir, un verre de vinho branco.
Tournée vers l’avenir, Lisbonne célèbre la modernité sur les friches d’une ancienne zone industrielle. On a élevé des architectures nouvelles légères comme des libellules. Une célébration consacrée aux océans pour l’exposition de 1998. Tout est resté en place. L’aquarium géant posé sur l’eau, les coupoles de la gare do Oriente, dessinées par l’architecte Santiago Calatrava, et l’ancien pavillon du Portugal, conçu par ??lvaro Siza Vieira. Un clin d’œil à une longue histoire.
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