Le Premier ministre a pris une décision politique, destinée à convaincre une partie de la majorité qu’il continuera à favoriser les classe moyenne et pauvre. Comme l’a démontré l’abstention de 41 députés socialistes lors du vote à l’Assemblée que le chef du gouvernement a demandé à la représentation nationale il y a quelques jours, il risquait de ne pas franchir le prochain cap législatif, c’est-à-dire l’adoption du collectif budgétaire à la fin du printemps. Il a donc fait une concession lourde qui rendra plus difficile encore les économies de 50 milliards d’euros en trois ans sur la dépense publique dont on nous parle sans cesse mais dont on ne nous explique pas vraiment où le gouvernement va les trouver. Si la lutte contre la fraude fiscale doit améliorer ses résultats de un milliard, cela veut dire que le nombre des agents des impôts doit augmenter et que, petit à petit, on va créer un climat défavorable pour les affaires.
De la même manière, M. Valls semble isolé. Arnaud Montebourg semble conduire une politique qui a peut-être l’aval du président mais il ne semble pas qu’il rende des comptes au Premier ministre. À propos d’Alstom, par exemple, le ministre de l’Économie rejette l’offre de General Electric (GE) et rêve d’un « Airbus de l’énergie » en associant l’Allemand Siemens à Alstom. Tout le monde sait pourtant que l’offre de GE est la meilleure en termes de prix et d’emplois, que Siemens, qui a toujours été le concurrent direct d’Alstom, n’est pas enthousiasmé par la perspective d’une fusion-acquisition et qu’il n’est pas possible de reproduire le succès d’Airbus. Dans un entretien avec « Paris-Match », la semaine dernière, Ségolène Royal, ministre de l’Économie a dit tout haut ce que chacun sait à propos d’Alstom. Elle s’est prononcée pour le choix de GE, et a contesté l’action de Michel Sapin aux Finances. Derechef, un couac grandeur nature qui rappelle le gouvernement Ayrault. M. Valls n’a pas pipé mot. Explication : Ségolène bénéficie d’une complicité naturelle avec François Hollande depuis que Valérie Trierweiler, puis Julie Gayet, ont quitté le président.
L’ambiguïté de Hollande.
De même, M. Montebourg a fait triomphalement adopter un décret qui soumet à autorisation prélable l’essentiel des prises de contrôle d’entreprises françaises. Ce n’est pas vraiment le retour au protectionnisme, d’une part parce que c’est le même Montebourg qui a fait entrer des Chinois dans le capital de Peugeot, d’autre part parce que tous les grands pratiquent peu ou prou le protectionnisme stratégique. Mais en France, c’est suspect : le gouvernement sera tenté d’élargir le champ d’action de ce décret à des affaires qui auront besoin de l’investissement étranger. Malgré la détermination de M. Valls, on retrouve donc l’ambiguité de François Hollande à chaque pas que fait le gouvernement : un coup en faveur des entreprises, un coup en faveur des démunis, un coup pour l’offre, un coup pour la demande.
Le Premier ministre n’a pas été aidé non plus par la stagnation de l’économie française au premier trimestre de 2014 : +0 % de croissance. Son projet consistant à redresser le pays pour devenir lui-même présidentiable rencontre plusieurs obstacles : des ministres qui n’entendent pas servir ses ambitions, une politique économique qui doit tenir compte d’une majorité extraordinairement rétive, une crise européenne qui dure, une Allemagne dont le succès en termes de commerce extérieur et d’emplois souligne à gros traits le déclin français. Ce que l’on peut craindre, c’est que M. Valls perde de son énergie cinétique et que ses obligations politiques, l’apaisement qu’il doit apporter à la majorité et à l’électorat socialiste, l’empêchent de mener rondement les réformes dont le pays a tant besoin.
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