C’EST PRINCIPALEMENT depuis son ouvrage « la Violence et le Sacré » (1972) que René Girard déclenche des polémiques et fait scandale. L’anthropologue français, professeur émérite à l’université de Stanford (Californie), est volontiers considéré comme arrogant. Il a pourtant daigné converser avec trois confrères en 1983, l’occasion de reprendre ses thèses et de la parution de ce livre, jamais traduit en français.
Trois confrères, deux Américains et un Allemand, un peu relégués en fin de livre, mais après une longue ouverture sur les grands concepts girardiens, ne boudons pas, c’est passionnant.
Pour Girard, le désir n’est pas défini par son objet (notre mère chez Freud). En fait, ne sachant quoi désirer, on se tourne vers les autres, on imite leurs désirs, « le modèle et son imitateur désirent le même objet et inévitablement, chacun entrave le désir de l’autre, chacun est aussi pour l’autre un obstacle », dit René Girard.
L’énigme de la religion.
Il en résulte une violence qui n’est que la continuation du désir mimétique, mais non l’élément premier, « parce qu’elle est de nature mimétique, la violence est une interaction symétrique et réciproque ».
On sort de cet état tensionnel, socialement insupportable, en désignant un bouc émissaire, victime expiatoire du groupe que l’on va sacrifier. Et le maître d’ajouter, songeur : « Plus j’étudiais le sacrifice, plus se renforçait ma conviction que son caractère énigmatique ne faisait qu’un avec l’énigme de la religion elle-même. »
Dit ainsi, cela semble clair, mais ce n’est pas sans raison que l’arrogant français (un pléonasme dans les pays anglophones) fait plus qu’agacer. Élaborer une théorie générale de la religion est plus prétentieux qu’ambitieux, affirmer que le thème du sacrifice se retrouve partout, dans la tragédie grecque, le théâtre de Shakespeare, et bien sûr la Bible et le Nouveau Testament, reste insuffisant aux yeux de ses contradicteurs.
Contre les Freudiens qui affirment la primauté de la pulsion de meurtre dégagée dans « Totem et Tabou », René Girard pense que le meurtre est un phénomène normal car il met fin à une tension collective. Il affirme qu’Œdipe est d’abord à l’origine de la peste, le parricide et l’inceste ne viendront qu’après.
Et surtout, contre tout le monde, relativement indifférent aux « apports de terrain » des ethnologues, notre théoricien proclame n’être d’aucune spécialité anthropologique. Mais les propos des « étrangers », en particulier ceux de Jonathan Z. Smith, qui porte un regard sceptique sur la lecture ethnocentriste que nous faisons des mythes et des rites, apportent beaucoup de contradiction au christianocentrisme de Girard.
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