À l’image de l’augmentation globale de la consommation pharmaceutique depuis 1990, les rejets de médicaments dans l’environnement sont en progression constante, à l’exception des antimicrobiens. Ces rejets proviennent essentiellement de deux sources. D’abord, les médicaments consommés par les humains et les animaux, évacués par leurs voies naturelles. On trouve ensuite les médicaments non utilisés (MNU) jetés en dehors des dispositifs de collecte officiels. Il convient d’y ajouter les rejets d’eaux usées des établissements de soins, mais aussi de certains industriels pharmaceutiques, surtout hors d’Europe. Même les stations d’épuration les plus efficaces ne parviennent pas à supprimer à 100 % la totalité des résidus médicamenteux dans les eaux qu’elles traitent.
En raison de leur forte stabilité chimique et métabolique, certains médicaments restent actifs un certain temps après avoir été évacués par les urines ou les selles. L’exemple le plus connu est celui des pilules contraceptives, qui entravent la reproduction des poissons en « féminisant » les poissons mâles. Mais d’autres études ont montré, par exemple, que certains antidépresseurs retrouvés dans l’eau modifient le comportement des poissons. Des résidus de diclofénac ont été retrouvés chez des poissons et des otaries ; en Asie, des populations de vautours et de bousiers auraient dramatiquement diminué, suite à leur exposition à certains résidus médicamenteux.
Les effets de ces résidus sur la santé humaine restent mal connus, et sont sans doute limités en raison de leur faible concentration. La Commission souhaite néanmoins encourager de nouvelles études et recherches à ce sujet.
Sensibilisation
Elle va lancer des campagnes de sensibilisation auprès des professionnels de santé sur les risques environnementaux des médicaments, et désire que le sujet soit abordé dans les cursus d’études de santé. En collaboration avec l’Agence européenne du médicament, la Commission souhaite aussi améliorer les systèmes de récupération des MNU, et « étudier la possibilité de réduire le volume de MNU en optimisant la taille des boîtes de médicaments, afin qu’elle corresponde plus précisément aux traitements nécessaires prescrits ». Elle propose, de même, d’allonger les dates limites d’utilisation des médicaments, lorsque cela est faisable, pour éviter que des médicaments encore utilisables soient inutilement jetés.
La stratégie devra inciter l’industrie pharmaceutique à produire des médicaments plus « verts », et se dégradant plus rapidement qu’actuellement ; en outre, elle souhaite que les dossiers de bénéfice-risque et de prévention des risques présentés en vue des demandes d’autorisation de médicaments soient complétés par des études plus poussées sur leurs conséquences environnementales. Enfin, la Commission veut renforcer la protection de l’eau face à l’évacuation de certains produits ou résidus, comme les médicaments anticancéreux, les produits de contraste utilisés en radiologie, et les micro-organismes antibiorésistants.
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