DIMANCHE 24 août, encore ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg apparaît particulièrement décontracté à l’occasion de « sa » Fête de la rose qu’il organise chaque été dans son fief électoral de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire). « Nous, on fait sauter les bouchons », plaisante-t-il devant les caméras. Quelques heures plus tard, c’est carrément le gouvernement qu’il fera sauter après avoir demandé publiquement à François Hollande une « inflexion majeure de notre politique économique ». Et dès le mardi 26 août, Manuel Valls annonçait la composition de sa nouvelle équipe gouvernementale.
Survivant aux différents remaniements intervenus depuis le début du quinquennat, Marisol Touraine garde les manettes du ministère de la Santé et portera donc dans les prochaines semaines son projet de loi de santé. Au ministère de l’Économie, Manuel Valls a nommé Emmanuel Macron pour succéder à Arnaud Montebourg. Jusqu’à présent conseiller du président de la République sur les questions économiques et financières, ce jeune énarque de 36 ans aura la charge de reprendre le projet de loi sur la croissance et le pouvoir d’achat en cours de préparation. Un projet de loi qui sous l’ère Montebourg devait comprendre une trentaine de mesures destinées à s’attaquer aux professions réglementées et à mettre fin aux monopoles, et pourquoi pas à celui des officines (« le Quotidien » du 15 juillet). Emmanuel Macron changera-t-il de cap ? Rien n’est moins sûr, quand on sait que le nouveau ministre de l’Économie fut l’un des artisans du fameux rapport Attali qui proposait déjà de remettre en cause le monopole pharmaceutique et les règles d’installation et de propriété des pharmacies. Tout comme le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) rendu public cet été, sur lequel le gouvernement compte s’appuyer et que conteste vivement la profession.
Un rapport contesté.
L’Ordre des pharmaciens affirme ainsi que la conclusion centrale du rapport dénonçant l’explosion du prix des médicaments non remboursables ces dernières années « est fausse ». Sa présidente, Isabelle Adenot affirme que les progrès réalisés dans les achats groupés ont permis au contraire de baisser les prix. Tout en rappelant qu’on déplore 300 morts par an par overdose de médicaments non prescrits en Grande Bretagne, où ceux-ci sont vendus en grande surface ou dans des chaînes. L’Ordre pointe également un rapport « entaché d’erreurs », n’intégrant pas, par exemple, les augmentations de TVA. « Pas étonnant qu’on juge que les médicaments voient leur prix augmenter, si cela résulte d’une hausse de la TVA », ironise-t-elle.
Les syndicats d’officinaux sont également vent debout contre ce rapport. « En termes de méthodologie, ce document (rédigé début 2013, N.D.L.R.) est obsolète et incomplet, en raison notamment des réformes que le gouvernement a engagées en 2013 et 2014 sous l’impulsion du ministère de la Santé et d’une connaissance imparfaite de notre secteur d’activité », déplore la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Les informations contenues dans ce rapport sont dépassées ou erronées », conclut de même l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le syndicat explique notamment que les éléments chiffrés sur lesquels s’appuient les auteurs datent de 2010 et marquent des différences importantes avec la situation actuelle des officines. L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) rappelle pour sa part que la pharmacie d’officine représente 35 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 125 000 salariés. « Plus de 6 000 emplois seraient menacés par la remise en cause du monopole et viendraient gonfler les chiffres du chômage dont le taux atteint déjà 8 % en officine aujourd’hui », met en garde l’UNPF. Enfin, pour le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), la vente de médicaments en grande surface ne restituera pas de pouvoir d’achat aux Français, mais risque en revanche de réduire l’accès aux soins. Son président, Pascal Louis, explique ainsi que les centrales d’achats des groupements pharmaceutiques desservent toutes les pharmacies, quelles que soient leurs localisations. « Or, fait-il remarquer, les espaces bijouterie, parapharmacie… de la GMS ne sont mis en place que dans les très grandes surfaces, c’est-à-dire essentiellement en milieu urbain. Pourquoi en serait-il autrement pour les médicaments ? » En prenant les rênes de Bercy, Emmanuel Macron hérite d’un dossier brûlant qui risque bien d’agiter la rentrée.
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