« C’EST LA RÉFORME la plus importante de notre régime obligatoire depuis sa création », explique Bernard Lagneau, président de la CAVP. En effet, dès l’appel de cotisations du 1er juillet 2009, le minimum obligatoire de versement au régime complémentaire, qui correspondait jusqu’à présent à ce que l’on appelait la « classe 1 », va passer en « classe 3 » : 1 888 euros de cotisations annuelles supplémentaires seront dus par tous les pharmaciens affiliés à la CAVP, en échange de quoi leur retraite totale minimum devrait doubler, pour passer de 1 000 à 2 000 euros par mois.
La mesure est en effet d’importance, à plusieurs titres. Non seulement parce qu’elle entraîne une hausse très sensible des cotisations et des prestations, mais aussi parce qu’elle prévoit, pour la première fois dans un régime complémentaire obligatoire, que des cotisations doivent être versées à un régime géré en partie en capitalisation et non plus exclusivement en répartition. Car la classe 3 du régime complémentaire, qui était jusqu’à présent une classe optionnelle gérée en capitalisation, reste gérée comme telle mais devient la classe minimum de cotisations pour tous les ressortissants de la CAVP.
La question de la démographie.
Alors pourquoi une telle réforme, qui oblige désormais tous les pharmaciens à cotiser beaucoup plus à leur régime obligatoire avec une part de capitalisation ? La première raison invoquée par les responsables de la CAVP tient au fait que l’ancien versement minimum obligatoire au régime (retraite de base et régime complémentaire) ne débouchait que sur une retraite de 11 000 euros par an, soit donc à peine plus de 1 000 euros par mois. « Avec la réforme, notre objectif est de doubler ce minimum », explique Bernard Lagneau. Et, de fait, selon la CAVP, un grand nombre de pharmaciens en activité (la moitié environ) cotisaient jusqu’à présent à ce niveau, se préparant ainsi une retraite très faible. En rendant obligatoire des cotisations au régime complémentaire plus élevées et gérées à la fois en répartition et en capitalisation, la Caisse espère ainsi doubler ce minimum. Elle présente d’ailleurs sa réforme comme portant « création d’un minimum retraite » pour tous les pharmaciens libéraux.
Seconde raison invoquée : par rapport aux revenus du pharmacien libéral, les nouvelles cotisations au régime obligatoire de la CAVP ne représenteront, après l’entrée en vigueur de la réforme, que 11 % de ces revenus, contre 9 % auparavant. Soit, donc, une augmentation de deux points seulement. D’ailleurs, la Caisse de retraite fait observer que les cotisations obligatoires de retraite d’un pharmacien adjoint, au régime général, représentent 27 % de ses revenus… Elle explique également que les cotisations obligatoires du pharmacien libéral, à partir du 1er juillet 2009, seront équivalentes à celles des chirurgiens dentistes ou celles des médecins.
Mais la troisième raison de ce changement, et la plus importante, tient bien entendu à la démographie. « Les pharmaciens prennent en effet leur retraite de plus en plus tôt, et ce phénomène s’est accéléré ces dernières années à la suite des incitations fiscales à la cessation d’activité et des incertitudes sur le prix de rente des officines. Ainsi, en 2009, l’espérance de vie moyenne d’un pharmacien en âge de prendre sa retraite est de 30 ans. Ce chiffre est en augmentation puisque, chaque année, un trimestre d’espérance de vie est gagné », explique-t-on à la CAVP. Il fallait donc s’adapter à ces évolutions.
Des mesures d’accompagnement.
Comment cette réforme sera t-elle perçue par les pharmaciens ? Certes, comme le justifie Bernard Lagneau, il fallait bien augmenter les cotisations du régime complémentaire pour financer l’allongement de la durée de vie. Mais, à un moment où la profession traverse une crise économique difficile, il n’est pas sûr que cette réforme, pourtant négociée depuis longtemps avec les syndicats et l’Ordre, soit bien accueillie.
En pratique, puisque la moitié des pharmaciens affiliés à la CAVP cotisaient jusqu’à présent en classe 1 du régime complémentaire, seuls ces pharmaciens sont concernés par l’augmentation du minimum de cotisations en classe 3. Les autres cotisants (jusqu’en classe 13) ne le sont pas, puisqu’ils paient déjà des cotisations plus élevées.
Pour les pharmaciens qui vont voir leur appel de cotisations de juillet augmenter très sensiblement, la CAVP a d’ailleurs prévu quelques mesures d’accompagnement.
Tout d’abord, bien que la réforme entre en vigueur le 1er juillet 2009, ces affiliés pourront reporter leur cotisation pendant deux ans, afin de provisionner cette dépense. En outre, ceux dont les revenus sont inférieurs à 34 308 euros par an pourront bénéficier d’une réduction de 25 % à 75 % de leur cotisation au régime complémentaire. Selon les responsables de la CAVP, ces réductions pourront concerner plus de 7 500 pharmaciens.
Au total, avec cette réforme qui introduit une part de capitalisation dans le régime obligatoire de retraite de la profession, ce sera, selon Bernard Lagneau, « au pharmacien de choisir s’il veut une retraite minimum avec le nouveau socle que nous avons mis en place, ou une retraite complète en cotisant davantage » Une chose est sûre : les retraites, à l’avenir, coûteront de plus en plus cher…
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