MARTINE AUBRY, comme il fallait s’y attendre, ne risquait pas d’exonérer le pouvoir d’une progression sans précédent du chômage sous le prétexte qu’elle est causée par une crise venue d’ailleurs. Elle exige du gouvernement qu’il renonce purement et simplement au fameux paquet fiscal de 2007, plus particulièrement à la suppression des charges pour les heures supplémentaires. C’est indéniable, la crise a balayé l’un des axes de la politique économique de Nicolas Sarkozy : le renforcement du pouvoir d’achat. Le problème, c’est qu’au delà du taux de chômage, symptôme violent de la déroute économique, on ne sait pas vraiment quel remède serait le meilleur. Loin d’avoir diminué, la consommation a sensiblement progressé. C’est grâce aux soldes de janvier !, affirme-t-on. Mais il y a eu les mêmes soldes en janvier 2008. D’autre part, les prix ont baissé (surtout à la pompe) et ils vont finir par baisser au supermarché. Or il n’existe pas de meilleur soutien au pouvoir d’achat qu’une baisse des prix.
Dans ces conditions, le gouvernement est tenté de ne pas aller plus loin que ce qu’il a accompli jusqu’à présent. Il sait pourtant que les mois à venir n’apporteront aucun répit à la France dans le domaine de l’emploi et il prépare l’opinion à de nouveaux coups durs. Mais il refuse d’injecter de nouvaux milliards dans son plan de relance, autre exigence de l’opposition. Un encouragement à la consommation, estime-t-il, pourrait avoir, au moment où elle progresse naturellement, des effets délétères sur la balance commerciale. Bref, deux philosophies s’opposent diamétralement : celle de la gauche et des syndicats qui réclament une relance par le pouvoir d’achat et maintiennent la mobilisation populaire, celle de nos dirigeants qui insistent sur une politique d’investissements et de grands travaux qui, forcément, créera à terme des emplois.
Nicolas Sarkozy a choisi la voie difficile, celle d’une politique économique raisonnable et susceptible de préserver nos positions commerciales après une crise qui finira un jour, mais qui n’apporte pas de soulagement aux familles françaises dans l’immédiat. C’est pourquoi le chômage va s’ajouter dans les semaines qui viennent aux pommes de discorde politiques. C’est pourquoi la pression des syndicats va être chaque jour un peu plus forte pour que M. Sarkozy renonce pratiquement à toutes ses mesures et adopte celles qu’ils préconisent.
Le gouvernement lâche du lest.
Dans d’autres domaines, notamment ceux des réformes, le gouvernement a déjà lâché beaucoup de lest. Il est significatif que Valérie Pécresse, embarquée dans une crise des enseignants-chercheurs qu’elle ne parvient pas à résoudre, ait annoncé le gel des suppressions de postes à l’université pendant deux ans, alors que la réduction des effectifs de fonctionnaires constitue l’alpha et l’omega de la réforme sarkozienne. Peut-être que M. Sarkozy ou M. Fillon commencent à penser qu’avec ces effroyables suppressions d’emploi, l’État doit faire une pause dans la réforme de la fonction publique. On note que cette décision, pourtant d’une importance extrême, n’a pas démobilisé les enseignants-chercheurs. Tout se passe comme si les syndicats essayaient de vider la réforme de son sens, de la rendre nulle et non avenue, de condamner le pouvoir à l’échec et donc de poser la question de la légitimité de ce pouvoir. La gravité de la crise politique qui s’annonce est à la mesure de la crise financière et économique. Certaines déclarations de l’opposition, qu’il s’agisse de la gauche ou du MoDem, ont les accents de l’apocalypse et parfois de l’injure. Ségolène Royal voit en Guadeloupe les prémices de la révolution, sans se demander si elle profiterait aux Guadeloupéens. François Bayrou, la presse de gauche, des porte-parole de l’opposition voient en M. Sarkozy un menteur parce qu’il excipe d’un aval de la commission de déontologie à la nomination de François Pérol à la tête des Caisses d’Épargne et des Banques populaires, aval que la commission n’a pas formellement donné.
L’hystérie des propos ne fera rien ni pour l’emploi ni pour le pouvoir d’achat. Si la crise crée des tensions plus aiguës, aucun corps constitué ne doit oublier ses responsabilités. Malheureusement, en politique, des ego exacerbés conduisent à des postures caricaturales. Le gouvernement n’a pas hésité à dire que l’opposition a jeté de l’huile sur le feu du conflit antillais, il n’a pas vraiment tort. La question est de savoir si Mme Royal ou M. Bayrou doivent contribuer à apaiser les conflits ou si leur désir de revenir aux affaires excuse leur pyromanie.
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