LE PRÉSIDENT de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a été le premier à critiquer la décision de publier le patrimoine de tous les élus et des hauts fonctionnaires. Son objection est de bon sens : sous l’emprise de la panique, l’Élysée s’achemine vers une chasse aux sorcières. Les biens d’un individu ne concernent pas la terre entière. Il faut seulement empêcher qu’ils soient alimentés par la fraude fiscale. Est-ce à la demande des médias qui les interrogeaient, ou l’ont-ils fait spontanément ? En tout cas, plusieurs personnages politiques ont cru bon de décrire leur patrimoine et, quelquefois, ce n’était nullement convaincant. Dans certains cas, d’anciens ministres qui ont tout de même eu la possibilité d’épargner pendant plusieurs années, prétendent n’avoir de biens que pour un montant inférieur au seuil requis pour payer l’impôt sur la fortune.
Personne ne souhaite savoir ce que possède le voisin. Tout le monde exige qu’il le déclare au fisc et qu’il paie les impôts liés à ses avoirs. Comme on l’a fait remarquer, les dispositions annoncées par François Hollande n’auraient pas empêché Jérôme Cahuzac de mentir. D’autres soulignent que la création d’une Haute autorité fiscale et d’un parquet financier n’auront aucun effet s’ils n’ont pas de moyens supplémentaires. Il suffisait de renforcer les organismes existants, qui ont quand même réussi à ramener 18 milliards d’euros dans les coffres de l’État en 2012, grâce aux redressements.
Dans ces conditions, non seulement la transparence complète pose un problème éthique, fort bien souligné par M. Bartolone, non seulement on doute de l’efficacité des mesures du président, mais le pouvoir s’est livré à une manœuvre qui explique la férocité de la droite. Frappé au cœur par la défaillance d’un des siens, il étend sa répression aux autres. Certes, on n’aura pas de mal à trouver des gens de droite qui ne déclareraient pas tous leurs avoirs. Mais la crise est celle du pouvoir, pas celle de l’ensemble de la classe politique.
Hollande désarmé.
Si la droite poursuit ses attaques lors des séances de questions au gouvernement qui, la semaine dernière, ont été explosives, c’est parce que nos dirigeants, au lieu de balayer devant leur porte, s’en prennent à l’ensemble des élus, ce qui ne règle nullement dans l’immédiat le cas Cahuzac, et ne dit pas non plus comment il a procédé, d’où venait l’argent qu’il a envoyé à Singapour, s’il y a d’autres sommes occultes, s’il a bénéficié de l’indulgence de Bercy, de Matignon et de l’Élysée. À toutes ces questions, le pouvoir, pour le moment, n’apporte aucune réponse et déclenche une curée contre les élus qui a un effet unique, celui d’accroître la méfiance et même la répugnance de l’opinion publique pour le comportement de la classe politique. Il joue un peu le rôle du coupable qui accuse les autres pour se dédouaner.
Dès lors qu’il ne parvient pas à désamorcer la bombe Cahuzac, M. Hollande est encore plus désarmé pour résoudre des problèmes encore plus graves, ceux de l’emploi, de la précarité et de l’endettement. Il n’est pas sain de gouverner dans un climat étouffant, sans cesse alimenté par la rumeur, la révolte, les accusations. C’est en ce sens que l’on a parlé de « crise de régime », expression qui dramatise à souhait la situation mais qui, avec le temps, risque de sembler justifiée, surtout si M. Cahuzac décide de reparaître à l’Assemblée, si de nouveaux éléments sont mis au jour au sujet de son affaire (c’est très probable) et si, à la bataille rangée provoquée par cette crise spécifique, s’ajoutent les ravages incessants de l’autre crise.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion