UNE FOIS ENCORE, la ministre de la Santé a fait faux bond aux pharmaciens. Après son absence au congrès national, fin octobre, Marisol Touraine s’est à nouveau excusée pour la 26e Journée de l’Ordre des pharmaciens. À défaut de la présence effective de la ministre en chair et en os, les pharmaciens ont eu droit à un enregistrement vidéo, dans lequel Marisol Touraine assure aux pharmaciens qu’ils sont « des acteurs importants de la stratégie nationale de santé ». Elle salue leur investissement dans la mise en place du dossier pharmaceutique et les encourage à participer à l’organisation du premier recours. La ministre de la Santé indique aussi son souhait de renforcer les actions de santé publique. Citant la vente en ligne de médicament, elle rappelle qu’elle a voulu qu’elle soit « la plus encadrée possible ». Elle met néanmoins en garde contre les sites frauduleux qui persistent et qu’il « faut surveiller ». « Nous pratiquerons la tolérance zéro pour la contrefaçon », assure-t-elle.
Lors de son discours, Marisol Touraine insiste à nouveau sur sa volonté de réduire la consommation de médicaments. Mais lorsqu’elle évoque la dispensation à l’unité de médicaments, quelques sifflets de protestation s’élèvent dans la salle. La ministre indique qu’un « groupe de travail sera prochainement mis en place » afin de mettre au point les détails de cette expérimentation, qui « sera basée sur le volontariat ». Enfin, Marisol Touraine réaffirme que « le médicament n’est pas un produit comme les autres et que le patient n’est pas un consommateur ». Elle en profite pour confirmer son opposition à la fin du monopole des pharmaciens. Saluant « l’atout » que représente la densité du réseau officinal en France, elle rappelle pour terminer « la confiance et la très haute estime » qu’elle porte aux pharmaciens, par rapport à la contribution qu’ils apportent aux patients. « Les pouvoirs publics ont confiance en vous », conclut-elle. Ce message flatteur n’a cependant pas convaincu tous les participants. Quelques sifflets réprobateurs se sont à nouveau mêlés aux applaudissements saluant la fin du discours de la ministre.
Inquiétudes pour les jeunes.
Ces protestations ont renforcé le propos de la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, qui assure dans son propre discours que « la coupe d’Hygie est pleine ». Pour elle, les pharmaciens ressentent « un sentiment d’injustice et d’amertume » alors que le monde de la pharmacie subit « des attaques toujours plus nombreuses ». Isabelle Adenot pointe « la dépression générale de la profession », à l’heure où un titulaire sur trois rencontre des difficultés de trésorerie. « Chaque pharmacien a le sentiment que le sol se dérobe sous ses pieds, déplore Isabelle Adenot. Certains peuvent être imparfaits, mais l’ensemble de la profession est efficace, plaide-t-elle. L’Ordre ne niera pas que la pharmacie doit évoluer et se moderniser. » Mais pour elle, « les pharmaciens ont besoin d’une vision d’avenir qui ne se trompe pas de priorités ».
Elle souligne les efforts qu’ils réalisent déjà au quotidien et invite à les impliquer davantage dans la prévention et le premier recours. Elle cite par exemple l’incitation au rappel de vaccination. « Les pharmaciens pourraient même, après une formation adaptée et dans une salle dédiée, vacciner eux-mêmes les patients, comme cela se pratique en Irlande », suggère Isabelle Adenot. Elle salue également l’investissement des pharmaciens dans la formation et annonce la mise au point pour l’année prochaine d’un programme sur le premier recours. Pour la présidente de l’Ordre « le rôle du pharmacien en matière de sécurité sanitaire ne pourra aller que croissant ».
Elle note aussi que la ministre veut diminuer la consommation de médicaments. « Les pharmaciens s’y engagent, répond-elle. Mais les médicaments de prescription médicale facultative ne doivent pas contribuer à la croissance de la grande distribution. » Enfin, Isabelle Adenot s’inquiète pour la relève de la profession, alors que 10 000 pharmaciens ont plus de 63 ans. « Plus d’un quart des jeunes voient leur avenir en dehors de la profession et le nombre d’arrêts d’exercices dans les deux premières années a doublé », s’alarme-t-elle. Elle a donc pris l’initiative d’envoyer un questionnaire aux pharmaciens de moins de 35 ans, afin de mieux comprendre leurs attentes. « La feuille de route de l’Ordre sera basée sur leurs réponses », annonce-t-elle.
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