TOUT A COMMENCÉ le 20 janvier. Pendant que l’Amérique célébrait dans la joie l’accession du premier Noir à la présidence, le chef du groupe UMP, Jean-François Copé, décidait d’interrompre le débat sur l’article 13 de la loi organique qui, conformément à la révision de la Constitution, impartit des « des délais pour l’examen d’un texte ». M. Accoyer n’avait pas été informé de la démarche de M. Copé. Les députés socialistes plongeaient alors dans une colère mémorable. Ils ont refusé, pour la première fois depuis 35 ans, d’assister mercredi 21 janvier, au débat sur les questions au gouvernement. François Fillon leur demandait alors de revenir dans l’hémicycle. « Nous n’allons pas jouer, déclarait-il, la sempiternelle pièce du coup d’État permanent ».
La folie des amendements.
La gauche, depuis le début de la législature, a pratiqué l’obstruction avec beaucoup d’entêtement et l’opinion publique s’en est rendue compte. Pratiquement tout projet de loi majeur, notamment ceux qui sont liés à la réforme, a fait l’objet d’un dépôt de milliers d’amendements qui retardent d’autant le débat et l’adoption du projet. Bien entendu, c’est le devoir de l’opposition de faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le vote d’une loi à laquelle elle est hostile. Mais il n’est pas illogique de mettre de l’ordre dans le travail parlementaire à l’occasion d’une restructuration plus large.
Il semble bien que M. Copé, en interrompant le débat, s’est livré à une provocation, sans doute dictée par la malice : proche du filibustering américain, l’obstruction par le temps de parole n’est pas la manifestation la plus sereine ni la plus rationnelle du débat démocratique.
Comme on pouvait s’y attendre, les socialistes sont montés sur leurs grands chevaux, décidés qu’ils sont à prouver, de toutes les manières, que ce régime est destructeur des libertés. Ils ont entonné La Marseillaise, ce qui n’est jamais convaincant, car nous sommes tous français. Le Front national la chante souvent. Elle n’est donc plus la marque incontestable d’un esprit de liberté. Et Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste que personne, jusqu’à présent, ne considérait, comme un bagarreur, est monté à la tribune, à un souffle de Bernard Accoyer, pour le mettre en demeure de ne pas agir en tant que président de l’UMP. Accablé par tant de désordre et au fond de lui-même indigné par la conduite quelque peu perverse de M. Copé, le président de l’Assemblée nationale, a proposé alors un compromis à la gauche : le temps de parole de l’opposition serait prolongé de plusieurs heures et chaque année, un temps de parole illimité serait accordé à chacun des groupes parlementaires pour quatre grands projets.
M. Copé a d’abord refusé, puis, la nuit mortant conseil, il faisait savoir jeudi matin, qu’il acceptait la proposition de M. Accoyer. Ce qui fit sauter le barrage derrière lequel s’étaient accumulées tant de haine, de colère et de rancœur.
Retour à la routine.
Pour autant que son comportement avait une bonne raison, la gauche n’aura pas, une fois de plus, échappé au ridicule. À quoi sert de brandir des arguments apocalyptiques, du genre la démocratie se meurt et nous allons périr en chantant La Marseillaise, si un jour plus tard, on se calme et on reprend sa routine ? En outre, les députés socialistes ne sauraient nier que leur obstruction rendait presque impossible travail parlementaire. Ils ont ridiculisé le Parlement au moyen de l’obstruction, et ils l’ont ridiculisé encore en se lançant, avec une furia toute française, dans une bataille épique. Certes, ils ont obtenu satsifaction, ce qui ne se serait pas produit s’ils étaient restés calmes dans l’épreuve. Il demeure que l’image de l’Assemblée nationale en sort dégradée, dans une période où la confiance du peuple dans ses élus est rare ou faible.
Par ailleurs, dans leur désir de s’opposer à tout prix et en toute occasion, ce qui leur permet de cacher l’inexistence de leurs propres propositions, les élus PS sont parvenus à un degré d’hystérie qui nuit à leur rôle, lequel devrait être exemplaire. Ils rappellent que Martine Aubry a (enfin) lancé un contre-plan de relance (de 40 milliards) et qu’ils représentent aussi une force de proposition. Ce dont ils devraient s’inquiéter, c’est leur façon de se lover confortablement dans l’opposition, comme si l’alternance n’existait pas, comme s’ils n’étaient pas appelés, par exemple en 2012, à reprendre le pouvoir et comme si l’argument qu’ils ne cessent de brandir, à savoir la mise en coupe réglée des institutions par Nicolas Sarkozy, restait valable au-delà de 2012. Comme s’ils avaient déjà perdu les prochaines électorales.
Quand ils représenteront la majorité -et si ce n’est pas en 2012, ce sera plus tard- peut-être ne seront-ils pas mécontents de disposer d’une Constitution plus moderne, de ne pas être pénalisés par l’obstruction, et même de gérer un pays plus sain grâce aux réformes. On est donc en droit de les soupçonner d’hypocrisie et de se conduire, pendant leur traversée du désert, moins avec le désir de s’opposer qu’avec l’espoir d’exister.
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