Gestion de sinistre

Une explosion au gaz souffle une pharmacie parisienne

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Publié le 03/03/2014
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Une explosion de gaz dans les sous-sols d’un immeuble parisien a fait trois blessés et causé d’énormes dégâts dans une pharmacie du 9e arrondissement. Sa titulaire raconte au « Quotidien » les circonstances du drame et détaille les démarches entreprises pour faire rouvrir son officine le plus rapidement possible tout en préservant l’emploi de ses salariés.

IL ÉTAIT PRESQUE 16 heures ce vendredi 14 février quand l’explosion a eu lieu. Deux salariées, une pharmacienne et une préparatrice, étaient présentes dans l’officine, mais par chance, aucun client, à cette heure il est vrai habituellement creuse de la journée. Pour Marie-Armelle Vanot, titulaire de la pharmacie sinistrée, c’est un véritable miracle. Mais les employés de GrDF (Gaz réseau Distribution France) occupés dans les sous-sols de l’immeuble de la rue Fontaine (Paris IXe) à la réhabilitation du réseau ont eu, eux, moins de chance… L’explosion accidentelle a fait trois blessés. « Je me suis renseignée, ils sont aujourd’hui hors de danger », veut d’abord rassurer la pharmacienne. Quant aux circonstances de l’accident et à la nature des dégâts occasionnés, Marie Armelle Vanot raconte : « la déflagration a littéralement soufflé le plancher d’une cour arrière surmontée par une verrière qui sert de réserve à l’officine. Il y a un trou désormais béant au fond de ma pharmacie. Quant à la vitrine, elle a également été pulvérisée. » Débris de verre jonchant le sol, stock détruit et étagères renversées, l’officine a, en quelques secondes, pris des allures de champ de bataille. « Lorsque je suis arrivée sur les lieux, mes employées étaient encore sous le choc, mais heureusement indemnes. Je leur ai par la suite proposé une prise en charge psychologique qu’elles ont refusée. »

Perte d’exploitation.

Côté assurance, confie la titulaire, les représentants de la MADP (Mutuelle d’assurance des pharmaciens) sont arrivés sur place à peine une demi-heure après avoir été avertis. « Mon assurance a très vite nommé un expert et mis en place le gardiennage de mon officine ouverte à tous vents la première nuit qui a suivi le sinistre. » La préfecture de Paris a frappé l’immeuble d’un arrêté de péril d’urgence.

Problème, aucun expert ne peut encore entrer dans l’officine, tant que l’arrêté n’est pas levé. « Mon officine est mise sous scellés par sécurité mais aussi pour les besoins de l’enquête judiciaire en cours sur les causes de l’accident », précise la titulaire. Quant à la perte d’exploitation et au chômage forcé de ses employées liés à la fermeture de l’officine, la pharmacienne peut heureusement compter sur le soutien contractuel de la MADP : « Les salaires sont réglés par l’assurance qui me promet également le versement prochain d’avances compensatrices de la perte d’exploitation. » Le soutien des confrères voisins ? « Je n’ai reçu aucun appel, aucune visite, ni aucun message de sympathie », déplore Marie Armelle Vanot. L’ancienne présidente de la Chambre syndicale des pharmaciens parisiens (CSPP) tient en revanche à saluer la réaction confraternelle du syndicat (FSPF).

Encore choquée, la titulaire se rappelle encore sa confusion lorsqu’elle a découvert son officine dévastée : « bizarrement, savez-vous la première chose que j’ai faite en arrivant ? Je suis entrée chercher les traitements que j’avais préparés pour quelques-uns de mes patients cancéreux et, rentrée chez moi, je les ai appelés un à un pour leur dire que je tenais leurs médicaments à leur disposition… » Un bel exemple de conscience professionnelle pas même ébranlée par l’adversité.

DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3073