« L’ORDONNANCE électronique ? Un concept fabuleux pour le sauvetage de la planète puisque cela permettra d’économiser des tonnes de papier, mais nettement moins intéressant pour les pharmaciens et la clientèle. » Pharmacien dans une officine nichée entre les palais romains du pouvoir, Matteo Sonnino est très sceptique quant au projet concocté par les ministères italiens de la Santé, du Trésor et de la Fonction Publique. Comme une partie de ses confrères, il pointe les handicaps de cette opération en termes de temps et d’argent. « N’ayant pas accès aux subventions publiques, nous devons investir sur nos propres ressources », confie Matteo Sonnino.
Les pharmaciens italiens craignent que le système envisagé soit synonyme de perte de temps quand il leur faudra rechercher sur leurs ordinateurs le numéro des prescriptions rédigées par les médecins. Mais aussi de surcoût, car les titulaires devront renforcer leur réseau Internet pour accélérer leur connexion. Une affaire compliquée, l’Italie étant à la traîne de l’Europe en ce qui concerne le très haut débit. Difficulté supplémentaire : le logiciel Sogei, sponsorisé par les ministères de la Santé et du Trésor, qui doit permettre aux médecins et aux pharmaciens de se brancher sur le serveur, est imparfait. Pour preuve, les situations chaotiques enregistrées dans les pharmacies faisant office de ballon d’essai. En Sicile et en Basilicate, deux des régions test, les serveurs sont souvent bloqués pendant des heures. Au mieux, ils fonctionnent avec discontinuité. Résultat : des files d’attente kilométriques devant les officines et des pharmaciens travaillant de nuit pour insérer les données et récupérer le temps perdu. « La situation risque de devenir catastrophique lorsque la prescription électronique sera devenue obligatoire pour tous », craint Francesco Mangano, président de Federfarma Sicilia, la branche sicilienne de la fédération nationale des pharmaciens.
Pour l’heure, les pouvoirs publics mettent tout en œuvre pour tenter de résoudre les problèmes techniques liés au système Sogei. Sans quantifier la part exacte des économies réalisées grâce à l’élimination de la version papier des prescriptions, les experts italiens de la Santé et de la Sécurité sociale (Ssn) ont promis de réinvestir ces sommes dans l’allégement des tâches administratives. Au 31 décembre dernier, 60 % des 18 000 officines italiennes devaient participer à l’opération « prescription électronique ». Elles ne sont que 15 % aujourd’hui. Une utopie, ricanent de nombreux pharmaciens. « Cela fait des années que l’ordonnance électronique est sur toutes les lèvres. On attend encore de voir les résultats ! », déclare le pharmacien Paolo Pagano en brandissant une pile impressionnante de prescriptions. Version papier bien sûr.
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