NOUS AVONS EU, le 26 janvier, cette grande journée hollandaise, avec le lancement du programme du candidat socialiste et une interview télévisée. Puis nous avons eu droit à l’entretien, également télévisé, du chef de l’État, le dimanche suivant. Les sondages indiquent une légère remontée du président sortant, en moyenne de 2 %, mais compensée par une ascension comparable de François Hollande. Sept points au moins les séparent au premier tour et le score final est de 57-43 au second tour. Rien n’a vraiment changé depuis deux mois.
Sinon que se tassent les autres concurrents. Eva Joly est à 2,5 %, Hervé Morin et Dominique de Villepin disparaissent des écrans-radars, Jean-Pierre Chevènement s’est retiré, Marine Le Pen stagne à 18 % et François Bayrou à 12 %, bien que le candidat du MoDem ait présenté un bon projet, axé sur une forte réduction de la dépense publique. Il a stigmatisé les projets très coûteux prévus par le PS. M. Bayrou, néanmoins, ne retire pas le profit politique que méritent ses idées, sans doute parce que sa voix se perd dans le fracas de la campagne socialiste et dans l’implacable communication du président. Il croit pourtant pouvoir franchir le cap du premier tour, qui implique un effondrement de M. Sarkozy, lequel reste improbable ; quand on regarde le tableau des intentions de vote, on constate que les deux « grands » candidats se renforcent au détriment de tous les autres, sauf Jean-Luc Mélenchon, dont la stratégie ressemble à celle de M. Bayrou. À 8 %, il se présente plus comme un réservoir de voix pour M. Hollande au second tour que comme un épouvantail pour le PS.
Pas de surprise historique.
Ce qui laisse penser que, si l’on s’en tient à l’absence de coup de théâtre dans la chronologie sondagière, il n’y aura pas cette année de surprise historique : pas de 21 avril à l’endroit, pas de 21 avril à l’envers, pas de triomphe du Front national, pas d’émergence, soudaine et irrésistible, de la gauche mélenchoniste, pas de percée de M. Bayrou. Jamais une crise économique et sociale n’a été aussi violente, jamais l’effet politique de cette crise n’aura été, jusqu’à présent, aussi proche de zéro. Si M. Sarkozy n’est pas réélu, ce n’est pas parce qu’il aura été détruit par une conjoncture anxiogène, mais parce que le personnage qu’il incarne est rejeté par une majorité de Français.
Les plus prudents des commentateurs font valoir que le président sortant ne s’est pas encore déclaré, qu’il reste, grosso modo, 40 % des électeurs qui n’ont pas encore fait leur choix, que des précédents historiques, par exemple en 1995, lorsque Jacques Chirac a commencé à dominer Édouard Balladur en février, montrent que tout devrait se jouer ce mois-ci ou au début du mois prochain. Ils ont tellement raison que M. Hollande se garde de vendre la peau de l’ours et que M. Sarkozy, loin de s’avouer battu, croit encore en son étoile et laisse courir le bruit qu’il va encore surprendre l’électorat. Il a encore dit l’autre dimanche que jamais les sondages de février n’ont prédit le vainqueur d’avril.
Mais il commence à se faire tard. Le premier tour a lieu dans exactement 74 jours. Si on appliquait la configuration de 1995 à la situation actuelle, M. Sarkozy devrait déjà resserrer l’écart avec M. Hollande. En outre, M. Chirac disputait à M. Balladur le leadership de la droite, avant même de songer au second tour et à la présidence de la République. M. Sarkozy, président en exercice, n’est pas distancé par un homme de son camp, mais par le candidat de la gauche : la comparaison avec 1995 n’est donc pas pertinente.
Il n’est nullement dans notre intention de faire ici la moindre prédiction, car, quoi que l’on imagine et fût-ce en fonction des paramètres les plus sûrs, le risque est immense d’être démenti, et très vite, par les faits. Ce n’est pourtant pas jouer aux Cassandre que de montrer que, décidément, la partie est très mal engagée pour M. Sarkozy. Le président peut toujours dénoncer « l’arrogance » de son rival, qu’il a trop longtemps sous-estimé, M. Hollande se fonde, après tout, sur des enquêtes d’opinion qui, depuis qu’il a emporté la primaire socialiste, lui sont invariablement favorables. Même quand il a annoncé des mesures fiscales pénibles pour la classe moyenne aussi. Nous avons tous pensé aux facteurs susceptibles de modifier le cours de la campagne, notamment ceux qui affaibliraient un Hollande excessivement privilégié par le sort, mais, si le passé récent permet une projection sur l’avenir immédiat, on ne voit rien, pour le moment, qui puisse entraver la marche triomphale du candidat socialiste.
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