2010 SERA certainement une grande année politique, avec les élections régionales. Rien, cependant, ne laisse croire que cette partie-là sera très disputée. Non seulement la majorité législative aura beaucoup de mal à reconquérir quelques régions, mais elle risque de perdre les deux qui lui restent, la Corse et l’Alsace. Malgré l’engagement de nombreuses personnalités de la droite dans le combat électoral, malgré les pressions exercées par le président sur les plus éminents de ses collaborateurs (on a réussi à faire chanter Christine Lagarde dans un clip des jeunes UMP, sans égard pour elle), malgré la discipline électorale instaurée par Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, la défaite de la droite est probable. En Île-de-France, par exemple, les sondages annoncent la victoire de la gauche et des Verts.
Le débat de trop.
Usure du pouvoir ou déception des anciens électeurs de M. Sarkozy. Sans doute les deux. Conscient de sa chute dans les sondages, le président s’est efforcé de recourir à de vieilles recettes qui ne trompent plus personne, comme ce débat sur l’identité nationale qui, par rapport aux graves soucis d’une population frappée par la crise, apparaît plus comme une astuce que comme une ardente nécessité. Le chef de l’État n’est nullement resté inerte sur le front économique et social. Son lancement du grand emprunt de 35 milliards, consacré pour sa plus grande partie à l’éducation et à l’innovation, donnera à n’en pas douter de nouvelles chances à la France, ne serait-ce que parce qu’il compensera des investissements en recul et pourtant indispensables pour préparer l’avenir. On note des contradictions dans la politique gouvernementale (l’emprunt aggrave une dette déjà intolérable), mais le président a voulu faire ce qu’il considère comme les moins mauvais des choix.
L’emprunt va donc prendre le relais des sommes qui ont été versées sans parcimonie pour éteindre l’incendie de la crise. Il a été mûrement réfléchi (par Michel Rocard et Alain Juppé, dont M. Sarkozy a suivi les idées principales sans sourciller, preuve qu’il peut parfois mettre de côté son immense ego).
Il demeure que le chômage continue à grimper et qu’il contient les ingrédients d’une explosion sociale. Il faut le ralentir en agissant sur les deux bouts : d’abord en luttant sans complexe de classe contre les inégalités, et cela commence par remettre de l’ordre dans les salaires excessifs, les bonus et autres stock-options que l’on accorde sans vergogne aux dirigeants des entreprises ; ensuite en créant des emplois, fussent-ils temporaires, ce qui est bien plus difficile et implique que l’État, déjà pauvre, dépense davantage dans les actions sociales, lui qui n’a cessé de montrer que, si la France a moins souffert que d’autres pays, c’est parce qu’elle a un excellent filet social.
De ce point de vue, 2010 est une année clé. Bien sûr, ce qui assure le mieux la création d’emplois, c’est la croissance et si, elle ne revient pas durablement l’an prochain, Nicolas Sarkozy peut faire une croix sur son second mandat. C’est sur le répit accordé ou non aux classes moyennes et pauvres qu’il sera jugé. Comme l’objectif est difficile à obtenir, la gauche, en dépit de ses divisions, de son incapacité apparente à s’unir et à se mobiliser autour des thèmes centraux, de sa pléthore de candidats à la présidence de la République, peut trouver dans les décombres de la crise les éléments de son succès. Tout cela est aléatoire et même décourageant.
Si le vœu de l’honnête homme est d’apporter plus de bien-être aux Français, surtout les plus démunis, les moyens de l’exaucer sont obscurcis par un pouvoir qui avait tant d’atouts en 2007 mais les a gaspillés et par une opposition qui a tant de bonne volonté et l’exprime de façon incohérente. Ce n’est pas d’être à droite ou à gauche qui compte, c’est de s’en tenir, presque avec froideur, à la seule tâche qui mérite d’être accomplie, celle de donner aux gens les moyens d’une vie décente.
M. Sarkozy n’est pas resté inerte, qui a su se battre contre la crise en entraînant les autres pays occidentaux et en dépensant de l’argent qu’il n’avait pas, comme l’ont fait les Anglais, les Américains ou les Allemands. Il se bat aussi contre des pratiques bancaires dangereuses qui, si elles se poursuivent, recréeront les conditions d’une nouvelle catastrophe. S’il apprend à se contenir, s’il renonce à ses déclarations autosatisfaites, s’il cesse de prononcer des propos qui indignent parfois ses concitoyens, parfois les pays amis de la France, son action sera infiniment plus visible. Dans ce combat titanesque contre la crise, dans cette détermination inébranlable à réformer le pays, dans une certaine force de caractère, il y a l’essentiel. 2010 est l’occasion pour le pouvoir de démontrer son efficacité et, enfin, sa retenue et sa sobriété. Une occasion à ne pas manquer, sinon...
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