LE PLUS DRÔLE, dans cette affaire, est que les défenseurs acharnés de Jean Sarkozy, qui hurlaient à l’injustice des médias, de l’opposition et d’une partie de l’UMP, ont trouvé immédiatement les accents du raisonnement inverse : si Jean a pris une « sage décision », que ne la suggéraient-ils avant le 22 octobre ? Si l’opposition estime que « le pouvoir a reculé » et « qu’il a pris une claque », cela signifie-t-il qu’elle eût préféré un entêtement jusqu’au boutiste des Sarkozy ? Ne comptez pas sur les politiques pour vous offrir une analyse impartiale. Le scandale ne vient pas de ce qu’un jeune homme de 23 ans a brigué une fonction importante mais non rémunérée. Le scandale ne vient pas du fils. Il vient du père ; et d’une politique économique sociale qui ne convainc pas les Français. Il vient de l’atmosphère créée par l’affaire Frédéric Mitterrand et celles qui l’ont précédée. Il vient d’une goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Le poids du soupçon.
Le sens politique, c’est de déceler le contexte. C’est de constater que la presse internationale raillait les Sarkozy comme elle se moque de Berlusconi, terrible référence. Que de nombreux journalistes sont venus le 23 octobre assister à l’élection du nouveau conseil d’administration de l’EPAD (auquel Jean n’a pas renoncé), alors qu’ils ne s’y étaient jamais rendus auparavant. Que les élus UMP et centristes ne cachaient pas leur indignation, eux qui entendaient tous les jours leurs électeurs raconter que leurs enfants diplômés étaient au chômage pendant qu’un Jean Sarkozy, qui n’a toujours pas sa licence en droit, réclame un poste de pouvoir qui brasse près d’un milliard d’euros par an. Lors de son intervention à la télévision, Jean s’est fort bien exprimé (« Je ne veux pas être élu en portant le poids du soupçon »), mais il n’a pas su très bien dire pourquoi il y avait de la vérité dans les critiques qui lui étaient adressées, peut-être parce que les mots lui manquaient, mais peut-être aussi parce qu’il ne voulait pas s’auto-flageller.
En d’autres termes, l’ambition du fils a été la paille qui brise le dos du chameau, son père en l’occurrence, déjà chargé d’une myriade de contradictions et de décisions qui font hurler dans les chaumières. En revanche, on ne nous fera jamais écrire qu’il est scandaleux qu’un fils tente de faire une carrière comparable à celle de son père, même s’il inscrit dans son dessein l’avantage que la lignée lui confère. Aux États-Unis, la famille Kennedy considérait que chacun des fils pouvait briguer la présidence ; et George Bush fils a succédé à George Bush père sans que personne ne criât au scandale. En France, les fils de François Mitterrand n’hésitaient pas à se réclamer de leur père. La règle d’or en la matière est la suivante : s’il est vrai que le népotisme est détestable, un homme ne doit en aucun cas renoncer à sa propre carrière parce que son père ou son frère ont réussi la leur.
Le cas Bové.
Voilà pour la part d’injustice qui a été infligée non pas à Nicolas mais à Jean. On aura remarqué à cet égard avec quelle arrogance Noël Mamère (qui l’a incitée à se présenter) et la fille de José Bové, Marie, ont commenté la candidature de la jeune femme aux élections régionales en Aquitaine : selon eux, il est « insultant et indécent » de la comparer à Jean Sarkozy. Insultant et indécent, c’est ce qu’on dit quand on n’a pas d’argument. Insultant et indécent, ce sont probablement les mots qui conviennent au pire des sectarismes : tout ce qui vient de la droite pue, tout ce qui vient d’Europe Écologie n’est que pureté virginale. En réalité, il n’y a qu’une toute petite différence entre Jean Sarkozy et Marie Bové: tout le monde n’a pas un président pour père. La différence est de degré, pas de nature. Marie ne peut pas nier que la notoriété de José va lui être extrêmement précieuse. Si le pouvoir est agacé aujourd’hui (pour ne pas dire exaspéré), c’est à cause des énormités de ce genre qui sont prononcées à gauche. C’est à cause de cette bonne conscience grâce à laquelle on lave plus banc quand on aspire au pouvoir et on plonge les mains dans la saleté dès qu’on s’en empare. Bonne conscience qui explique peut-être que la gauche n’ait pas gagné d’élections générales depuis 1997. Comme si le point de vue de Sirius était préférable au criminel exercice du pouvoir. Mais vous verrez, si Marie Bové est élue, elle continuera à dire, un peut comme Ségolène Royal, qu’elle a un prénom qui la prédestine à échapper à toutes les vilénies du pouvoir.
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