IL PEUT y avoir beaucoup de romanesque dans un traité de philosophie aride. On se souvient de la petite comédie du garçon de café virevoltant dans « l’Être et le Néant » de Sartre. Inversement, un simple récit d’aventure traîne avec lui une conception des choses et des autres.
Qu’est-ce qui fait courir Solaro dans ce roman crypto-philosophique ? Car il fonce dans Paris au volant de sa voiture, brûle les feux et, si on nous permet cette licence, fonce volontiers sur le corps délicieux de Louise, sa petite amie. On l’imagine volontiers sous les traits d’un Jean-Paul Belmondo jeune courant à perdre haleine. Pourtant, tout n’est pas rose dans sa vie. « Aujourd’hui, maman a une bonne voix », certes, mais elle est atteinte d’un cancer incurable. Son père vieillit. Son banquier lui refuse un prêt. Et il fréquente des gens très à la marge, comme Ange, le boxeur corse hyper-réac, et Rédouane, le petit dealer délinquant qu’il va tuer involontairement lors d’une bagarre. « Je tire et je sais qu’il n’y aura plus jamais de silence. » Emprisonné, notre héros fait montre, curieusement, d’un intérêt constant pour le monde qui l’entoure, et on ne dévoilera pas la fin.
Charles Pépin a immergé son personnage dans un océan de sensorialité. Tout lui est bonheur et plaisir, y compris le fait de soupeser un potiron. « Je suis partout où les grillons chantent leur bonheur d’être au monde, je suis allongé dans le sable, les bras en croix, partout où souffle le vent tiède », dit-il. Cette sensorialité s’emplit d’affectivité lorsqu’il confectionne une omelette aux cèpes pour son père (on en salive…). Elle peut être aussi carrément érotique, lorsque des linguine al dente et un vin corsé annoncent de brûlants ébats.
D’une manière générale, et dans le sillage de son dernier livre, « Quand la beauté nous sauve » (Robert Laffont, 2013), l’auteur montre comment la beauté du réel, à l’instant même où le soleil inonde notre corps, nous détourne de la misère et de la médiocrité de nos existences. Alors apparaît la Joie.
Cette extase panthéiste induit un attachement du héros à l’instant présent. Il se détourne du passé incarné par les médecins et les magistrats, mais également de l’avenir : « Il ne faut jamais rien attendre ou espérer. » En quelque sorte, quatre coups brefs frappés sur la porte du bonheur.
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