ON NE CHANGE PAS une équipe qui gagne. Ni une ligne politique qui a fait ses preuves. À peine réélu à la tête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques français (FSPF) - pour la première fois depuis longtemps à l’unanimité des présidents départementaux qui composent le corps électoral du syndicat -, Philippe Gaertner entend bien poursuivre la politique menée depuis trois ans. Une politique qui repose sur la défense des trois piliers fondamentaux pour la profession : « la préservation du capital et de l’indépendance du pharmacien, la conservation du monopole et le maintien de la répartition démo-géographique ».
Dans cette perspective, le président de la FSPF réaffirme sa volonté de soutenir toutes propositions de réformes qui répondraient à un besoin de santé publique, qui pourraient être mises en œuvre dans l’ensemble des officines et qui, enfin, donneraient lieu à une rétribution compatible avec la rémunération accordée au réseau. En clair, devront rapidement voir le jour à la fois les décrets sur les conditions de la mise en œuvre des missions de la loi Hôpital, patients, santé et territoire (HPST) et la future convention qui sera conclue, courant 2011, avec l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (UNCAM) et l’Union nationale des organismes complémentaires à l’assurance-maladie (UNOCAM).
Préparer la mutation.
Dans le cadre de ce nouveau mandat, la ligne politique se traduira également par des revendications économiques et professionnelles. Pas de surprise, là non plus, puisque Philippe Gaertner réaffirme le principe qu’il défend depuis trois ans maintenant : l’augmentation de la première tranche de la marge à hauteur de 75 euros. « Cette proposition est la seule solution possible, selon le président de la FSPF, pour que les officines en difficulté puissent retrouver une certaine dynamique et ainsi sortir de l’ornière. » Une solution qui, dans les faits, devrait déboucher sur « une relinéarisation de la marge dégressive lissée, permettant ainsi d’atténuer l’impact des conditionnements trimestriels ».
La FSPF réclame donc un « Plan pharmacie » qui permettrait d’augmenter de 3,5 % la marge. Coût de l’opération : un milliard d’euros sur cinq ans. L’occasion, pour le réseau, de « rattraper le retard enregistré depuis 2005 vis-à-vis de l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) ». C’est également « le seul moyen pour l’officine de préparer une mutation profonde de la rémunération et ainsi de basculer vers l’instauration d’honoraires », explique Philippe Besset, président de la commission économie de l’officine du nouveau bureau.
Revalorisation.
Autre revendication du syndicat, la revalorisation des gardes et astreintes. Afin d’aboutir à « une égalité de traitement avec les médecins », la FSPF réclame ainsi 150 € pour les astreintes et 42,50 € de majoration pour un appel faisant suite à la régulation des urgences.
Philippe Gaertner affirme également haut et fort sa volonté de trouver rapidement des solutions aux problèmes qui impliquent les industriels. Bien que le projet de loi déposé par Yves Bur soit « une première étape intéressante dans le règlement des "manques quotas", il demeure insuffisant, car la solution réside sans doute dans la négociation de prix au niveau européen », explique le premier vice-président, Philippe Liebermann. Afin de ne pas « prendre en otage le patient et les officinaux avec des situations de rupture », le président de la FSPF appelle donc de ses vœux « une réunion de concertation avec l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament ».
De même souhaite-il trouver au plus vite un accord avec les laboratoires OTC afin que la charte de bonne pratiques commerciales signée depuis deux ans soit appliquée. Pour homogénéiser les prix et résoudre les inégalités de tarifs, la FSPF entend s’appuyer sur un nouvel outil informatique, Réseau-tarif, qui a été créé en partenariat avec l’éditeur Vidal. L’objectif : faire connaître les prix catalogues et favoriser la mise en place d’un corridor de prix d’achat.
Un réseau en (re)construction.
Par ailleurs, « le réseau devra être fortifié en tenant compte à la fois de la répartition démo-géographique et de l’évolution démographique de la profession ». D’où la nécessité de préparer l’entrée au capital des adjoints et des jeunes pharmaciens par le biais des SPFPL, qui permettent à la fois « de déduire les intérêts d’emprunt et d’acheter progressivement des parts ».
Pas question non plus, pour la FSPF, que les pharmaciens se spécialisent dans tel ou tel domaine thérapeutique. « Le pharmacien est l’homme du médicament en général et doit, à ce titre, demeurer généraliste », souligne Philippe Gaertner. D’où la nécessité, selon lui, de faire « évoluer dans les meilleurs délais la formation initiale et la formation continue ».
Désireux de « défendre la pharmacie dans son ensemble », Philippe Gaertner refuse enfin toute idée de campagne de communication ciblée qui pourrait conduire à un réseau à deux vitesses. Que les groupements se le tiennent pour dit ! À eux de trouver le juste milieu entre la promotion d’initiatives permettant de montrer le savoir-faire du pharmacien et le respect de l’unicité de la profession.
Dans cette perspective, les nouvelles missions, issues de la loi HPST, devront être accessibles à tous. Orientées autour de trois acteurs - L’UNCAM, l’UNOCAM et les agences régionales de santé (ARS) -, elles devront être rémunérées et donc bénéficier d’une lettre clé pharmaceutique. « La notion d’interprofessionnalité prendra ainsi tout son sens et permettra au pharmacien de mieux accompagner la prescription du médecin, en particulier pour les patients chroniques », précise encore Philippe Gaertner.
Autant d’arguments que la FSPF développe dans son programme pour les élections aux Unions régionales des professionnels de santé (URPS) et qu’elle martèlera pendant les trois semaines de campagne électorale qui restent jusqu’à l’échéance du 16 décembre prochain.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion