L’HEBDOMADAIRE « Marianne » publie le fac-simile d’un chèque de 100 000 euros correspondant à un retrait d’argent de Liliane Bettencourt, mais qui ne figure pas dans les comptes, quatre mois seulement avant le premier tour de la présidentielle de 2007. Le journal en conclut un peu vite que l’argent est allé tout droit dans les caisses de l’UMP. On n’en conviendra pas moins qu’une relation complice existait entre la famille Bettencourt et le grand parti de droite. En témoigne le soutien apparent que l’UMP apportait à Mme Bettencourt dans son grave différend avec sa fille, Françoise Meyers. Il n’existe pourtant aucune preuve concernant le destinataire de la somme. De son côté, « le Canard enchaîné » affirme qu’Éric Wœrth a donné son aval à la vente d’un terrain à Compiègne, pour une somme de 2,5 millions d’euros alors alors que « le terrain en valait dix fois plus ». Mais on en a fait un hippodrome, donc une zone non constructible et le terrain n’aurait valu plus que s’il avait été vendu à des promoteurs immobiliers.
Le scandale multiplie les délations, maladie contractée sous l’occupation et, en dépit des accusations parfois très excessives et calomnieuses que lui lance le pouvoir, la presse préfère le scoop à la déontologie. Non sans raison : les exemples sont nombreux d’informations occultes que des médias, en France et ailleurs, ont exhumées pour confondre un gouvernement. Le Watergate reste la référence des journalistes. Si, en définitive, l’UMP est un jour obligée de reconnaître qu’elle a bénéficié de dons illégaux, la presse triomphera. En attendant, les médias sont cloués au pilori par le gouvernement, qui connaît la vérité : soit l’UMP est innocente, soit elle pense qu’il ne sera jamais possible de retrouver la trace de dons en billets déjà largement dépensés.
Nicolas Sarkozy, lundi dernier, a présenté son point de vue sous le meilleur jour lors de l’entretien avec France 2, parfaitement mis en scène pour que le chef de l’État, par ses propos, rassemble son électorat dit naturel. Toutefois, le premier résultat de cette grande interview, c’est la démission inévitable de son poste de trésorier de l’UMP, qu’il abandonnera à la fin du mois. Ce ne sera pas suffisant, rien ne sera suffisant pour que l’opinion reconnaisse enfin qu’il n’y a pas eu des malversations. Le ministre du Travail riposte d’ailleurs aux « révélations » quotidiennes avec moins de passion que par le passé, en se comportant comme un homme qui n’accorde plus beaucoup d’importance aux attaques dont il fait l’objet. Il se serait, en quelque sorte, blindé contre la malveillance.
Un désastre pour L’Oréal.
Contrairement à ce que disent la gauche, l’ancienne juge Éva Joly, aujourd’hui égérie des Verts, et beaucoup de journaux, la justice n’est ni inerte, ni aux ordres. Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, a lancé trois enquêtes préliminaires. Il doit d’abord s’assurer que l’entourage de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, François-Marie Banier, Fabrice Goguel, l’avocat fiscaliste, Carlos Vejarano, le gérant de l’île d’Arros, dans les Seychelles, ont respecté le code fiscal, ce qui ne semble pas être le cas puisque les quatre hommes ont été retenus en garde à vue pendant trois jours. Il doit examiner les conditions frauduleuses de l’enregistrement des conversations qui ont eu lieu dans le salon de Mme Bettencourt. Françoise Meyers a en outre demandé une fois encore la mise sous tutelle de sa mère, qui se déclare « vexée » de cette démarche. Enfin, la justice va enquêter sur les rapports entre la famille Bettencourt et la droite.
Pour les Bettencourt mère et fille, pour L’Oréal, cette irruption indispensable de la justice dans l’affaire est un désastre. M. Sarkozy voulait préserver ce fleuron de l’industrie française. Sans un accord entre Liliane Bettencourt et sa fille, L’Oréal risque de passer un jour sous le contrôle de Nestlé, qui en détient près d’un tiers des actions. Au soir de sa vie, l’héritière contemple avec consternation un chaos qui résulte de son excessive générosité à l’égard de personnes qui, de toute évidence, ne la méritaient pas, et d’une confiance accordée à des conseillers qui semblent avoir approuvé ses pmires décisions et n’ont apparemment songé qu’à utiliser tous les moyens pour lui permettre d’échapper à un fisc trop gourmand. Il n’empêche que, s’ils lui avaient simplement demandé de respecter le code fiscal à la lettre et de donner juste un peu moins d’argent à François-Marie Banier, sa fortune, aujourd’hui, serait la même. Et surtout, elle n’aurait pas à affronter à 87 ans un scandale qui pourrit la retraite à laquelle elle était en droit d’aspirer.
› RICHARD LISCIA
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