SELON le baromètre santé 2010 de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES), 3,9 % des Français de 15 à 85 ans ont eu des pensées suicidaires et 0,5 % ont fait une ou plusieurs tentatives de suicide (TS) au cours des douze derniers mois. Et 5,5 % déclarent avoir tenté de se suicider au cours de leur vie. Les femmes pensent plus souvent au suicide que les hommes (4,4 % contre 3,4 %), mais les différences entres sexes ne sont observées qu’au sein des tranches d’âge les plus jeunes (4 % des femmes de 15-25 ans contre 2,4 % des hommes) ou les plus élevées (4,4 % des femmes de 55-85 ans contre 2,5 % des hommes).
S’agissant des TS durant l’année, la proportion est également plus importante chez les femmes que chez les hommes (0,7 % contre 0,3 %) et la prévalence des TS reste plus élevée chez les femmes. « Le facteur de risque le plus important dans la survenue à la fois des pensées suicidaires et des TS est le fait d’avoir subi des violences » (sexuelles ou non sexuelles), soulignent François Beck, Romain Guignard, Enguerrand Du Roscoät et Thomas Saïas, de l’INPES, dans leur étude*. L’isolement, le chômage, le faible niveau de revenu ou la consommation de tabac constituent d’autres facteurs de risque prépondérants. « Les tentatives de suicide ne font pas l’objet d’enregistrements systématiques et il est difficile d’obtenir des informations lorsque le suicidant n’a pas été hospitalisé ou a seulement séjourné au service des urgences d’un hôpital », notent les auteurs.
Les médicaments en tête.
Une autre étude** parue dans le « BEH » se penche sur les hospitalisations pour tentatives de suicide entre 2004 et 2007 à partir de l’analyse du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI). Sur cette période, environ 90 000 hospitalisations pour TS, correspondant à 70 000 patients, ont été comptabilisées en moyenne chaque année. Là encore, les taux sont plus importants chez les femmes (21,2 pour 10 000 contre 12,4 pour 10 000). Par classe d’âge, les taux les plus élevés se retrouvent chez les adolescentes de 15 à 19 ans (43 pour 10 000). Chez les hommes, les plus forts taux sont enregistrés chez les 35-39 ans (21 pour 10 000). Parmi les 359 619 séjours hospitaliers pour TS dénombrés entre 2004 et 2007, 85,3 % faisaient suite à une absorption de médicaments, des psychotropes dans environ trois quarts des cas. Viennent ensuite l’auto-intoxication par d’autres produits, tels alcool, substances chimiques, pesticides, gaz (7,1 %), la phlébotomie (4,9 %), la pendaison (1,4 %), le saut dans le vide, l’utilisation d’arme à feu, la noyade, la collision intentionnelle (moins de 1 % chacun).
Après hospitalisation, 70,9 % des patients ont regagné leur domicile, 28,2 % des cas donnant lieu à un transfert vers une autre structure, généralement un service psychiatrique. Dans 0,8 % des hospitalisations, la TS a entraîné un décès.
Une part importante des décès par suicide échappe encore aux statistiques nationales. Plusieurs chercheurs de l’INSERM*** mettent en évidence, dans une autre étude, une sous-estimation du nombre de décès par suicide, de l’ordre de 9,4 % pour l’année 2006, où 10 423 cas ont été officiellement recensés. « Les décès sans certificat, les certificats vierges et les certificats mentionnant une investigation judiciaire ainsi que les morts violentes d’intention indéterminée peuvent fréquemment masquer un suicide », expliquent les auteurs.
** Christine Chan-Chee et Delphine Jezewski-Serra, InVS.
*** Albertine Aouba, Françoise Péquignot, Laurence Camelin, Éric Jougla.
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