ON LAISSERA au pouvoir ses habiles calculs, même s’ils contiennent un fond de vérité. Le fait est que François Hollande n’a plus que deux mois pour tenir son pari d’une « inversion de la courbe du chômage » avant la fin de l’année. Mais que le président de la République soit défait ou triomphe n’intéresse personne. Il a déjà eu l’occasion de dire que la crise était derrière nous. Elle dure depuis cinq ans, elle se poursuit, elle s’aggrave et les Français n’ont aucun espoir sérieux pour l’avenir proche. Ce qui pose un problème que la France partage avec d’autres pays mais qui n’en est pas moins préoccupant : nous sommes censés disposer de talents étincelants capables de nous proposer des solutions diverses au mal qui nous ronge. Si beaucoup d’avis contradictoires sont exprimés, qui tirent à hue et à dia le plan national capable de refouler le chômage, le président et son gouvernement, même munis de leur « boîte à outils » n’obtiennent aucun résultat sur le front de l’emploi.
C’est d’autant plus préoccupant qu’ils n’en trouvent pas davantage sur d’autres fronts. Ils ont demandé aux Français des sacrifices considérables qui auraient été beaucoup mieux supportés s’ils avaient permis de changer le sort des laissés pour compte. Mais les impôts nouveaux ou alourdis qu’ils ont mis en œuvre n’ont servi qu’à financer des dépenses sociales sans effet sur le mécontentement populaire. Ils ont fait de la redistribution l’alpha et l’oméga de leur action politique sans apaiser ceux qui souffrent et, bien sûr, sans expliquer aux contribuables l’utilité de la diminution du pouvoir d’achat. Il ne s’agit pas, ici, de plaindre les institutions financières dont l’activité reste insuffisamment régulée (à qui la faute?), les foyers dont les revenus sont très élevés ou les clubs de foot qui refusent de payer la taxe de 75 % sur les salaires de dizaines de millions qu’ils versent aux joueurs. Il s’agit de savoir si la recherche tous azimuts de ressources fiscales dans les revenus et dans l’épargne est efficace pour une économie qui, en attendant la réduction de son déficit extérieur, ne peut être relancée que par la consommation.
Un traumatisme national.
Dans ce climat délétère, les conversations techniques deviennent insupportables. Quels que soient les chiffres, la souffrance engendrée par une crise à la fois grave et longue est un traumatisme pour tous, y compris ceux qui ont échappé au malheur social et qui savent pertinemment que leur relative tranquillité est menacée par la détresse de leurs concitoyens. Nous sommes tous des chômeurs réels ou potentiels. Nous regardons à la télévision ces hommes et ces femmes que sacrifient chaque jour des usines malades ou asphyxiées. Aux abattoirs Gad, menacés de femreture, les grévistes se sont battus avec les salariés d’un abattoir proche du leur mais qui, lui, ne licencie personne. C’est consternant, c’est un signe de panique. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, reprend langue avec Morris Taylor, le P-DG de Titan, société américaine intéressée par la reprise de Goodyear Amiens-Nord qui, il y a quelques mois, dans une lettre comminatoire à M. Montebourg, écrivait que les ouvriers de la société ne travaillaient que trois heures par jour. Voilà où nous en sommes. Il avait proposé de reprendre 537 salariés, mais il revient à la charge et il fait une offre de reprise de 333 personnes. Du coup, le ton entre Taylor et le ministre est plus calme, les syndicats, épuisés, ne veulent pas laisser passer l’occasion, et on sauvera une partie des emplois, mais moins que prévu.
Seize mois d’exercice du pouvoir n’ont-ils pas convaincu l’exécutif qu’il fait fausse route et qu’il doit imaginer d’autres remèdes au chômage structurel qui est en train de détruire le tissu social ? La gauche de la gauche voit dans l’échec de la politique économique et sociale l’occasion de renforcer le dirigisme et la ponction fiscale, au mépris des réalités européennes, au mépris de la mondialisation, au mépris du bon sens. La politique de l’offre, de l’innovation industrielle, de l’invention technologique n’en est qu’à ses balbutiements. La baisse du coût de travail par une diminution des charges n’est même pas amorcée. Il est temps que la majorité soit enfin maîtrisée par l’exécutif, temps que des mesures assurant la compétitivité des entreprises soit mise en œuvre, temps que se décarcassent les génies qui nous gouvernent.
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