« L’APPARENTE stabilité des chiffres pourrait bien figurer une situation en trompe-l’œil. Des indices de fortes recompositions augurent en effet un avenir périlleux pour le réseau pharmaceutique », déclare au « Quotidien » Isabelle Adenot. Analysant les derniers chiffres de la démographie pharmaceutique, la présidente de l’Ordre ne cache pas son inquiétude. Il faut dire que, au-delà des tendances confirmées, cette nouvelle livraison annuelle des statistiques professionnelles donne, à certains égards, quelques frissons. « L’évaporation des jeunes », par exemple, phénomène qui s’était quelque peu atténué en 2009 pour remonter en 2010, a fait l’an passé un bond impressionnant pour passer de 20 % en 2010 à 26,2 % en 2011. Rappelons que cette proportion rend compte du rapport entre le nombre de nouveaux inscrits diplômés depuis moins de 3 ans et le nombre de postes ouverts au concours 6 ans plus tôt. L’attractivité déclinante des études pharmaceutiques, le manque de visibilité sur les perspectives d’avenir, la dévalorisation des métiers de la pharmacie, sont autant de raisons invoquées pour expliquer cette désaffection relative. « Une autre évolution extrêmement préoccupante, souligne Isabelle Adenot, est celle qui concerne le nombre d’officines sur le territoire. » Avec 22 080 pharmacies (- 0,5 %) en métropole et 626 en départements d’Outre-mer, soit un total de 22 706 officines, le réseau a souffert en 2011 la suppression de 141 licences. « Tous les 3 jours, plus d’une officine ferme » insiste la présidente de l’Ordre. « À l’heure où de nombreux confrères vont partir à la retraite, et tandis que les jeunes semblent se détourner de la profession, le calme apparent que nous constatons aujourd’hui pourrait bien annoncer la tempête… »
Un titulaire sur trois a plus de 55 ans.
Quant au « portrait-robot » du pharmacien en 2011, on observe d’abord, comme à l’habitude, que ce pharmacien est une pharmacienne. Avec 66 % de consœurs, la prédominance des femmes dans l’exercice pharmaceutique est en effet clairement confirmée… Surtout parmi les adjoints qui, dans plus de 8 cas sur 10, sont des adjointes. Autre tendance confirmée, celle du vieillissement de la population officinale. À noter, avec un âge moyen de 49,2 ans, les titulaires d’officines sont en moyenne plus âgés que leurs confrères adjoints (43,4 ans) et même que l’ensemble des pharmaciens toutes sections confondues (46,1 ans). « Un titulaire sur trois a plus de 55 ans », fait remarquer l’Ordre.
Une population vieillissante dans un réseau lui aussi d’âge mûr ? Si l’on considère la relative stabilité de la répartition des officines sur le territoire, le constat n’est pas outrancier. Ainsi il y a eu encore moins de regroupements en 2011 (18) qu’en 2010 (34). De même, la quasi-totalité des 292 transferts réalisés l’an passé se sont fait au sein de la même commune. Mais ces témoins de stabilité géographique contrastent avec des situations quelque peu paradoxales, tient à faire remarquer Isabelle Adenot. « Ainsi, note-t-elle, c’est dans les arrondissements parisiens où il manque déjà des pharmacies que certaines officines viennent à fermer. Gardons-nous des a priori. »
Une répartition harmonieuse du réseau.
Chez les pharmaciens, on ne constate pas, comme c’est malheureusement le cas pour les professions médicales, de désaffection des zones rurales. « La régulation territoriale remplit ses objectifs » constate l’Ordre qui relève que les nouveaux titulaires d’officines ne désertent pas les campagnes et contribuent ainsi à optimiser la répartition du réseau. Ce qui n’empêche pas certaines officines de baisser le rideau pour raison économique. Dans ces conditions, le challenge aujourd’hui consiste à optimiser le réseau sans y laisser de trou, explique en substance l’institution ordinale.
« Optimiser le réseau officinal, telle est justement l’une des missions de l’Ordre des pharmaciens, fait au passage remarquer Isabelle Adenot. Je ne comprends pas pourquoi l’Ordre n’est pas invité à participer aux réunions organisées par les ARS (Agences régionales de santé) sur l’optimisation du réseau, s’insurge-t-elle. D’autant que nous avons des outils logiciels performants qui nous permettent de réaliser toutes les simulations possibles et d’aider à la décision. » Il y a urgence à réparer cette anomalie, ajoute-t-elle.
Urgence à donner plus de visibilité juridique et économique aux métiers de la pharmacie ; urgence à voir enfin paraître le décret sur les holdings ou à simplifier les règles de participation des pharmaciens aux SISA. Urgence enfin à faire revenir les jeunes vers la profession.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion