EN VENDÉE, les professionnels de santé n’ont pas attendu les textes officiels pour mettre en œuvre la coopération entre eux. Depuis quatre ans, ils la pratiquent sous plusieurs formes. « Nous avons mis en place une collaboration entre pharmaciens et médecins du département, pour aider les gens à constituer une trousse familiale de premiers secours », explique Sylvie Bergeau, pharmacienne titulaire à Aizenay. « L’idée était de conseiller aux gens quelques médicaments indispensables, afin d’éviter l’encombrement des urgences le week-end et les jours fériés ». Cette opération se poursuit aujourd’hui et a permis aux pharmaciens et aux médecins de zones rurales d’expérimenter les avantages de la coopération interprofessionnelle. Mais les professionnels vendéens ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont également créé une association destinée à regrouper des libéraux dans le domaine de l’hospitalisation à domicile (HAD). « Nous voulions mettre en place "l’hôpital à la maison" en permettant au patient de garder son médecin habituel, son pharmacien ou son kiné, détaille Sylvie Bergeau. Et ça marche ! La semaine dernière par exemple, nous avons réuni autour de la table un médecin coordinateur, un généraliste, un kiné, une infirmière, un nutritionniste et un pharmacien. Le tout pour discuter de la prise en charge d’un même patient ». Et pour pousser la logique encore plus loin, une journée commune à tous les professionnels de santé du département a été organisée l’année dernière, sur le thème de la maladie de Parkinson. Elle a réuni des neurologues, des généralistes, des pharmaciens, des kinésithérapeutes, des dentistes, ou encore des orthophonistes. Une salle avait été louée pour l’occasion et une centaine de professionnels de santé se sont déplacés pour assister aux conférences données par leurs confrères.
« Chaque intervenant disposait d’une demi-heure pour présenter sa façon de prendre en charge un patient atteint de la maladie de Parkinson, raconte Sylvie Bergeau. Le pharmacien par exemple, a expliqué l’importance de la chronobiologie dans le traitement médicamenteux de cette maladie. De plus, deux patients atteints de Parkinson nous ont apporté leur témoignage ». L’opération a été un succès, si bien qu’elle va être reconduite cette année, à la fin du mois de juin, sur un autre thème. « Chacun peut découvrir ce que fait l’autre, on apprend à mieux connaître chaque métier et à savoir comment chacun intervient dans la prise en charge du patient. C’est très enrichissant », estime la pharmacienne.
Un accord-cadre imminent.
Bientôt, d’autres professionnels de santé pourront suivre les traces de leurs confrères vendéens, et travailler en coopération entre eux. Les textes réglementaires nécessaires sont en effet en voie d’être finalisés. Le décret définissant les activités pouvant être exercées en commun dans les SISA (voir encadré) est paru à la fin du mois de mars. Il devrait faciliter le regroupement de professionnels ayant pour objectif de travailler ensemble. Par ailleurs, les négociations finales entre l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et l’assurance-maladie vont avoir lieu le 19 avril, afin de définir un accord-cadre sur l’interprofessionnalité. Très chaotiques depuis leur lancement en 2008, ces négociations devraient désormais aboutir rapidement. « Nous avons une réunion plénière de l’UNPS le 19 avril et j’espère que l’accord va se concrétiser d’ici la fin du mois d’avril », indique Alain Bergeau, président de l’UNPS et kinésithérapeute. « Après la signature de cet accord-cadre l’objectif sera de passer rapidement à la phase opérationnelle, autour de trois thématiques : la sortie précoce de l’hôpital, la prise en charge des personnes âgées, notamment à domicile, et la coordination autour des patients atteints de pathologies chroniques, en amont de l’hôpital ». Les premiers jalons étant ainsi posés, reste à concrétiser le dispositif. « Nous avons les thématiques, le cadre réglementaire et les outils : les SISA. C’est à nous de passer ensuite au stade opérationnel. Il faut partir des expériences de terrain qui ont déjà eu lieu et réfléchir à la façon de les reproduire sur l’ensemble de la France. Nous, libéraux de santé, devons être porteurs de projets. Si nous ne sommes pas moteurs, il y aura des projets, mais ils seront menés par l’hôpital ou le médico-social. C’est aux libéraux de faire leur place dans ce dispositif », conclut-il.
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