Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira, ministre de la Justice, se sont rendus vendredi à une réunion européenne à Bruxelles dans l’espoir de colmater les brèches par lesquelles passent les terroristes de tout poil et pour réclamer une meilleure coordination des efforts de lutte contre l’insécurité. Une prise de conscience mondiale a suivi les attentats de Paris, qui ont fait 129 morts et 325 blessés. Les gouvernements européens savent que ce qui s’est produit dans la capitale française peut avoir lieu chez eux. D’autant que le Premier ministre, Manuel Valls, ne fait rien pour rassurer l’opinion nationale ou européenne. Il laisse entendre que de nouveaux attentats peuvent se produire, il imagine même des attaques aux armes chimiques. On lui reproche cet alarmisme, mais la vigilance de tous les citoyens est requise si l’on veut que la population soit mieux protégée.
Voilà pourquoi, le débat sur une sécurité améliorée qui aurait pour corollaire désagréable une diminution de nos libertés nous semble quelque peu naïf. La mise en route de lois nouvelles, par exemple celle qui prolonge l’état d’urgence de trois mois et devra sans doute être prorogée encore, les perquisitions sans commission rogatoire, le droit de tirer accordé aux policiers qui ne sont pas en service, l’élimination progressive des sites Internet qui appellent à la haine ou djihad, l’expulsion des imams fanatiques (engagée avant la tragédie du 13 novembre), et, d’une façon générale, l’idée que des individus qui expriment leur haine de la société française doivent être neutralisés avant de passer à l’acte, constituent autant de dispositions qui, effectivement, lèvent les garde-fous protégeant les citoyens contre l’abus de droit. Le danger réside moins dans les mesures elles-mêmes que dans les personnes susceptibles d’y avoir recours. Personne ne pense, même pas dans l’opposition, que le gouvernement actuel pourrait faire de ces nouveaux pouvoirs policiers un usage délétère. Mais personne ne sait quel gouvernement pourrait lui succéder. De plus, si la fréquence des attentats augmente, la riposte sera nécessairement plus vive et moins soucieuse des libertés.
Quand on entend des romantiques regretter que s’instaure de la sorte un pouvoir inquiétant, on souhaite leur répondre que le bonheur de vivre dans un système idéalement démocratique ne peut pas s’accommoder de la mort de 129 personnes innocentes. Il ne faut jamais oublier que les terroristes, qui ne respectent aucune règle et attaquent lâchement des civils désarmés, se servent de l’état de droit pour y commettre leurs plus vastes ravages. Nous ne saurions leur offrir des victimes sur un plateau d’argent. Les citoyens honnêtes ne souffrent pas d’un excès de contrôle, il les rassure. Seuls les terroristes se sentent visés par le durcissement des lois. De la même manière, ce n’est pas en cachant la dure vérité à l’opinion que le gouvernement lui rendrait service. C’est en soulignant la gravité du danger qu’il peut expliquer la violence de sa riposte, qu’il obtient l’adhésion des Français au renforcement de la prévention, à la guerre livrée en Syrie à Daech, au harcèlement systématique et efficace que ses centaines de perquisitions exercent sur des milieux qui prétendent se soumettre seulement aux prescriptions d’une religion alors que, en réalité, ils se situent à la frontière du crime quand ils n’abritent pas ou n’aident pas ceux qui le préparent.
Le seul chemin capable de nous conduire à un peu d’optimisme, c’est celui qu’ouvre notre détermination à ne pas nous laisser faire, à contribuer, fût-ce avec nos infimes moyens de citoyens lambda, à la sécurité générale du pays. À rester vigilants en permanence, à la fois pour empêcher une recrudescence du terrorisme et pour que le pouvoir ne fasse pas un usage liberticide du renforcement de ses moyens policiers.
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