DU JEUDI SOIR, 2 avril, au dimanche matin, 5 avril, la ville se transformera en un camp retranché, gardé par des milliers de policiers, avec, en plein centre, deux zones de sécurité divisées chacune en un secteur rouge quasi inaccessible et un secteur orange plus vaste, mais à accès restreint. Les personnes autorisées à y circuler, et surtout à y entrer et en sortir, devront être munies de badges, y compris si elles habitent dans ces zones, et passeront par des points de contrôle qui évoqueront peut-être des souvenirs aux plus anciens…
Aux milliers de membres des délégations nationales et de journalistes, s’ajouteront de 10 000 à 50 000 militants « anti OTAN », bien décidés à se faire entendre. Les Strasbourgeois seront sans doute nombreux à partir en week-end, d’autant plus que les établissements scolaires et un grand nombre de services publics et de commerces seront fermés dès le jeudi soir. Les professionnels de santé sont confrontés à un double défi : assurer la permanence des soins, alors même que le secteur hospitalier est placé en alerte pour répondre en priorité aux urgences lourdes, mais aussi vivre et circuler dans la ville comme n’importe qui. Les médecins pourront, certes, se déplacer partout, y compris dans les zones rouges, mais beaucoup de praticiens du centre-ville ont décidé de fermer leurs cabinets, car leur personnel et leurs patients auront du mal à venir.
Prévenir les patients.
En ce qui concerne les pharmacies, plusieurs réunions organisées avec la préfecture ont permis d’aplanir la plupart des difficultés. Toutefois, insiste Philippe Liebermann (président de la Fédération du Bas-Rhin), qui y a représenté la profession, les officinaux doivent être conscients que le sommet ne concerne pas que les pharmacies du centre-ville, mais bien celles de tout le département, à cause des problèmes d’approvisionnement qui risquent de se poser. À Strasbourg, les tours de garde ont été aménagés pour qu’aucune pharmacie de garde ne soit située en zone rouge ou orange, car elle serait alors inaccessible aux habitants des autres secteurs.
Philippe Liebermann se montre plus inquiet en ce qui concerne les grossistes : même si ceux-ci ont le droit de circuler en zone orange, il faut s’attendre à des coupures décidées au dernier moment en fonction des passages de délégations et des manifestations, qui risquent de désorganiser totalement le trafic. Surtout, l’une des autoroutes urbaines les plus stratégiques pour l’accès et la sortie de et vers Strasbourg sera fermée dès le jeudi soir, alors qu’elle mène aux locaux de la CERP et de l’OCP, et conditionne donc non seulement l’approvisionnement de la ville, mais aussi celui du reste du département. « Nos confrères hors de Strasbourg ne doivent pas se croire à l’abri de ruptures de stocks, et risquent de ne pas pouvoir être livrés, ou avec retard », prévient Philippe Liebermann, en invitant tous les pharmaciens du Bas-Rhin à anticiper. Il les appelle à informer leurs patients pour qu’ils viennent, dans la mesure du possible, chercher ou renouveler leurs ordonnances avant jeudi soir. En cas d’extrême urgence, s’il faut par exemple déposer un médicament indispensable en zone rouge, il souhaite que l’un des points de passage interzones soit adapté pour permettre à un grossiste de remettre le produit à un pharmacien.
En théorie, la plupart des officines devraient rester ouvertes, même au centre-ville. Les pharmaciens qui travaillent ou résident dans les zones de sécurité, de même que leurs collaborateurs, ont été dotés des badges sans lesquels, comme les autres habitants, ils ne pourront accéder ni à leur domicile ni à la pharmacie. Toutefois, ils s’attendent à une faible activité, et pourraient être nombreux à fermer plus tôt le samedi après midi. De plus, ils espèrent comme tous les habitants ne pas faire les frais des débordements redoutés lors des manifestations. À l’image des autres Strasbourgeois, ils se demandent s’il fallait, ou non, y organiser le sommet : la ville est censée y gagner en lisibilité internationale et bénéficier d’importantes retombées touristiques, mais cette affirmation ne fait pas l’unanimité. Enfin, rappelons qu’une partie du sommet se déroule simultanément à Kehl, sur la rive allemande du Rhin, avec, là aussi, d’importantes répercussions sur la vie de cette petite cité et sur le franchissement des ponts routier et ferroviaire reliant les deux villes par-delà le fleuve.
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