Le Quotidien du Pharmacien.- La baisse du nombre de pharmacies est-elle la cause de la fragilisation de l’emploi ?
Stéphane Billon.- Les regroupements accélèrent évidemment le processus de restructuration des ressources humaines de la pharmacie. Mais ce n’est pas la raison première et unique. La concentration des officines et la fragilisation de l’emploi ont une cause commune qui est le contexte économique difficile. Les adjoints et les préparateurs sont des victimes collatérales. Les suppressions de postes rééquilibrent à court terme l’efficacité économique des officines, mais pas à long terme. Les titulaires doivent surtout repenser leur business model.
Quels leviers faudrait-il actionner pour redresser la barre ?
La réforme de la rémunération, bien qu’indispensable et cohérente, arrive trop tard avec un impact trop faible, et selon un calcul qui n’est pas toujours dans l’intérêt de l’officine. La réforme du marché des génériques, la disparition progressive des contrats de coopération commerciale, et le relèvement de la marge à 40 %, vont accélérer la chute. Nous ne pouvons que constater les dégâts ! L’ouverture vers une profession de services est là encore un échec : c’est trop lent et trop peu rémunéré pour impacter significativement les besoins en ressources humaines de l’officine. Les ROSP seront et devront être une source importante du business model des officines d’ici au moins dix ans. L’arrivée de la généralisation des mutuelles à l’ensemble de la population accélérera ce phénomène.
L’avenir de l’officine pourrait s’envisager autrement avec l’ouverture du capital à d’autres tiers que les pharmaciens. Si la GMS investissait massivement dans les officines, avec un objectif extrinsèque à leur rentabilité directe, cela permettrait une réelle ouverture vers les services et d’autres métiers au sein de l’officine. Il faut oser innover. Le modèle actuel oppose les générations. Les titulaires vieillissants jouent leur partie au mépris des jeunes pharmaciens qui ne semblent pas avoir beaucoup d’avenir en officine.
La nouvelle loi de santé va-t-elle changer quelque chose ?
C’est une bonne loi pour l’avenir de tout le système de santé, dans un contexte d’urgence de santé publique. S’agissant de la possibilité pour les adjoints de détenir 10 % du capital des SEL dans lesquelles ils exercent, cela a un côté comique. Soyons sérieux ! Si tant est que les adjoints aient la possibilité financière d’investir, ce qui est loin d’être le cas, je leur déconseillerais radicalement d’entrer dans le capital d’une officine, sinon une à plus de 2 millions d’euros de CA située en grande surface. Et encore, je n’y vois pas vraiment d’intérêt puisque, en dessous d’un pourcentage leur ouvrant une minorité de blocage, les adjoints n’auront aucune influence sur les décisions stratégiques de l’entreprise. Les pharmacies ne sont pas un produit financier rémunérateur. J’en veux pour preuve le recul de l’ensemble des institutions financières spécialisées pour qui les officines sont aujourd’hui un investissement à haut risque.
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