LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Les derniers chiffres collectés dans votre récente étude sur l’économie des officines françaises en 2009 font ressortir une quasi-stabilité de l’activité, si l’on tient compte de la hausse générale des prix. Pensez-vous que cette situation est appelée à durer ?
PHILIPPE BECKER.- Nous pensons, en effet, que nous pourrons faire le même constat sur l’activité en 2010 qu’en 2009. Bien évidemment, on ne peut jamais faire de prévisions précises un an à l’avance, mais nous nous attendons pour cette année à un niveau d’activité sensiblement égal, en moyenne, à ce qu’il était en 2009.
En d’autres termes, cela signifie t-il que les pharmaciens vont devoir vivre avec des chiffres d’affaires qui ne progressent plus ou qui progressent peu ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Oui, et certains pharmaciens devront même vivre avec un chiffre d’affaires qui baisse ! Il faut rappeler que, en 2009, et ce n’est pas anecdotique, 40 officines sur 100 ont vu leur activité reculer. C’est même un pourcentage assez impressionnant, et cela explique pour une large part le malaise ressenti actuellement et surtout les difficultés financières qui sont vécues par de nombreux pharmaciens.
Or le monde de l’officine française n’est pas préparé à supporter une baisse d’activité prolongée. En effet, si, paradoxalement, les pharmacies ont tant bien que mal supporté la baisse de leur marge et de leurs avantages commerciaux depuis près de vingt ans, et ont donc pu maintenir la tête hors de l’eau, c’est parce que l’activité progressait. La question qui se pose donc aujourd’hui est la suivante : pourront-ils vivre avec une activité en berne ? Avec le modèle actuel de l’économie des officines, ce n’est pas certain ! Il suffit de voir, par exemple, la forte augmentation des défaillances économiques qui viennent devant les tribunaux de commerce depuis un an.
Selon vous, le modèle économique est déréglé et il faut donc le réformer ?
PHILIPPE BECKER.- Disons prosaïquement que si rien n’est fait à court terme, un nombre significatif d’officinaux vont aller droit dans le mur. Il s’agit d’abord des « primo accédants » qui, pour certains, n’arrivent pas à atteindre le chiffre d’affaires de leur prédécesseur. Mais il faut penser aussi à tous ceux qui ont fait des travaux importants, ceux qui ont pris des risques d’entreprise et qui ont des échéances bancaires lourdes. Tous ces pharmaciens ont raison d’être légitimement inquiets. Des négociations capitales pour l’avenir du monde officinal vont se dérouler prochainement sur plusieurs sujets, dont la revalorisation de la marge. Nous formulons le vœu que ces discussions aboutissent à un accord rapide.
À court terme, et en attendant une hypothétique amélioration du niveau de la marge, que faut-il faire pour se protéger ?
CHRISTIAN NOUVEL.- Nous le répétons depuis de nombreuses années dans les colonnes du « Quotidien », la démarche préalable est d’établir un diagnostic. Pour cela, l’informatique officinale est un outil indispensable. Le point clé est de comprendre la cause, par exemple, de la baisse du chiffre d’affaires.
Le chiffre d’affaires, rappelons-le, est le résultat d’une simple multiplication : le nombre de clients par an par le panier moyen. Il faut donc savoir, pour cibler un traitement, si la fréquentation est en baisse ou bien s’il s’agit d’un problème de pouvoir d’achat des clients. Les mesures à envisager ne seront pas forcément les mêmes dans les deux cas. On notera que la baisse des prix de certains médicaments peut d’ailleurs accélérer le phénomène.
Pouvez-vous donner des exemples de solutions ?
PHILIPPE BECKER.- Une diminution de la fréquentation peut laisser penser que l’officine doit être rénovée ou que le personnel doit être mieux formé à l’accueil de la clientèle. Ou encore que le pharmacien doit être plus présent au comptoir. Une baisse du panier moyen, quant à lui, peut caractériser un mauvais placement en matière de prix par rapport au pouvoir d’achat de la clientèle, ou une faiblesse dans la démarche de conseil associé, ou, tout simplement, un mauvais choix des gammes présentées. Dans tous les cas, l’objectif n’est pas de faire des miracles dans un contexte économique morose, mais de stopper l’hémorragie. Si cet objectif ne peut pas être atteint à court terme, il faudra alors se résoudre à revoir la masse salariale et, par conséquent, l’organisation des postes de travail et leur nombre. C’est malheureusement la seule variable d’ajustement pertinente dans une officine.
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