COMPTE TENU de la gravité de la crise, dont il a souligné avec vigueur la brutalité, le chef de l’État avait les mains libres pour envisager une mesure en faveur du pouvoir d’achat qui aurait eu au moins pour avantage de donner un peu de satisfaction aux syndicats et au PS. L’adoption du versement de 500 euros à une dizaine de millions de foyers, qui est inscrite dans le plan de relance socialiste, aurait eu un fort retentissement. Ce n’est pas que M. Sarkozy n’ait pas ouvert plusieurs pistes de nature à augmenter le pouvoir d’achat, notamment la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu ou d’un tiers provisionnel, ou encore une hausse des allocations familiales qui, elles aussi, auraient un effet immédiat . Il a donc lâché du lest, mais a refusé d’accomplir le geste politique d’apaisement dont il a besoin pour continuer à gouverner.
On le regrettera d’autant plus qu’une crise de cette ampleur ne se soigne pas seulement avec de l’argent, et exige un minimum de concordance entre patronat et syndicats, entre majorité et opposition. On en est loin. Et les propos tenus depuis l’entretien télévisé du président ne sont positifs que dans la majorité et dans la presse acquise au chef de l’État. Il n’empêche que Nicolas Sarkozy a su fort bien à la fois défendre ce qu’il a accompli jusqu’à présent, principalement en évitant un effondrement du système bancaire, et annoncer de nombreuses mesures dont l’addition apporterait indubitablement un soulagement aux ménages et aux entreprises. La suppression de la taxe professionnelle, impôt qualifié de stupide par les PME, constitue la décision la plus impressionnante. Elle apporterait un soulagement considérable aux entreprises et empêcherait de nombreux licenciements. Comme le produit de cette taxe va aux collectivités locales, il reste au gouvernement à dire comment il va les financer. Il ne faudrait que la force de la mesure disparaisse dans un montage financier qui accroîtrait les impôts directs ou placerait les collectivités locales, déjà très affaiblies financièrement, dans une situation intenable. M. Sarkozy a surtout montré aux Français (pour autant qu’ils veuillent le croire) qu’il se soucie d’eux. Il est bien décidé à se battre contre les délocalisations, surtout celles des entreprises qui reçoivent un soutien public, et à introduire un minimum de justice sociale dans la vie des grandes entreprises dès lors qu’il veut que les bénéfices soient également partagées entre les salariés, les actionnaires et les investissements. Il a amorcé sa lutte contre la cruauté presque mécanique du fonctionnement des entreprises bien avant que la crise ne plonge tout le monde dans la panique. S’il tente de se positionner en interlocuteur de Barack Obama, c’est parce qu’il exige une réforme des règles qui régissent le marché pour qu’il n’y ait plus d’autre crise. La gauche aurait pu au moins lui accorder ce crédit.
Réunion le 18.
On notera un point politique très important : M. Sarkozy a cédé à la demande des syndicats, qui réclamaient un changement du contenu de leur prochaine réunion à l’Élysée. Le président a dit que le, le 18 février, il évoquerait avec les syndicats et le patronat l’ensemble des propositions faites le 5 février. On ne peut pas dire qu’il s’en est tenu au précédent agenda, ni qu’il ne va pas assez vite, et on ne peut pas dire non plus qu’il n’a pas tout fait pour rassurer et les Français et leurs représentation syndicale et politique. Il n’a souligné la gravité de la crise que pour en faire l’argument d’un programme fiscal qui n’est pas du tout orthodoxe.
L’opposition est maintenant libre de camper sur ses positions. Mais il serait malheureux pour le pays qu’on renonce, à droite et à gauche, à un rapprochement parce que personne ne veut perdre la face, alors que les dangers qui nous menacent tous devraient suffire à abolir les palinodies du combat politique traditionnel. Il faut beaucoup d’hypocrisie et même de la mauvaise foi pour continuer à dire que M. Sarkozy ignore superbement le pouvoir d’achat. Même un investissement à long terme est bon pour le pouvoir d’achat. Le plan de relance de 26 milliards contient des mesures utiles au pouvoir d’achat. De guerre lasse, M. Sarkozy a fini par accepter de restituer des impôts à chaque ménage qui souffre. Il a donc entendu l’appel des Français et des ses opposants. Poursuivre une révolte d’arrière-garde n’aurait qu’un effet : une aggravation de la souffrance.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion