CANDIDAT favori des pharmaciens à l’élection présidentielle de 2007 (46 %), puis à celle de 2012 (38 %), Nicolas Sarkozy n’a plus la cote parmi la profession. Déception ? Début de campagne raté pour prendre la tête d’un parti déboussolé ? Toujours est-il que les officinaux préféreraient, certes d’une courte tête, Bruno Le Maire (12 %) à Nicolas Sarkozy (11 %) comme président du l’UMP. Si l’on prend en compte uniquement les pharmaciens sympathisants de l’UMP, Nicolas Sarkozy arrive cependant largement en tête (27 %), devant Bruno Le Maire (14 %), Hervé Mariton ne recueillant que 3 %. Une position essentielle, puisque seuls les adhérents de l’UMP sont appelés à désigner leur chef.
Mais ce qui frappe le plus dans ce sondage, c’est le pourcentage important de ceux qui ne souhaitent « aucune de ces personnalités » (59 % de l’ensemble des pharmaciens, 51 % des sympathisants UMP), alors même que cette réponse ne leur était pas suggérée, comme le souligne l’IFOP. Si l’on compare ces réponses à un sondage réalisé en octobre auprès de l’ensemble des Français, on constate que 52 % de ces derniers ne choisissaient également « aucun » des trois candidats en lice, Nicolas Sarkozy ayant néanmoins la préférence de 27 % des Français, devant Bruno Le Maire (18 %) et Hervé Mariton, scotché à 3 %.
Certes, ces résultats doivent être analysés avec prudence, précise Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP. « C’est une élection très spécifique, réservée aux adhérents, et qui n’intéresse donc pas autant qu’un scrutin national », indique-t-il.
Le relativement bon score de Bruno Le Maire s’explique notamment par le soutien des sympathisants du centre et de la gauche. Mais ce sondage traduit en même temps un certain rejet à l’égard de Nicolas Sarkozy, jadis chouchou des pharmaciens. « Signe supplémentaire d’un retour pas réussi de l’ancien président de la République », constate Frédéric Dabi.
Juppé favori pour la présidentielle.
Élargissant la focale, l’IFOP a interrogé les pharmaciens sur le potentiel électoral de différentes personnalités dans la perspective du prochain scrutin présidentiel, prévu pour 2017, à moins d’élection anticipée. Là encore, surprise, Alain Juppé fait figure de grand favori, avec 44 % des intentions de vote, très en avance sur Nicolas Sarkozy (25 %) et François Fillon (20 %). De son côté, la gauche ne fait pas recette, Manuel Valls, actuel Premier ministre, étant relégué à 14 % et le président de la République, François Hollande, à 4 %, ce dernier établissant même un record des « non » parmi les six personnalités choisies dans le sondage (79 %). Marine Le Pen, présidente du Front national, ne séduit guère plus (7 % des intentions de vote), malgré son soutien affiché à la profession face aux projets de déréglementation. Elle enregistre même le deuxième score le plus élevé des réponses négatives face à sa candidature (77 %). Une tendance allant à l’encontre de celle enregistrée auprès de l’ensemble des Français.
En revanche, la cote actuellement très élevée d’Alain Juppé recoupe les différentes enquêtes d’opinion plaçant l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac à un niveau très élevé. Auprès des pharmaciens, il est le seul à agréger aussi bien des voix de droite, du centre et même d’une fraction de la gauche. Séduisant davantage les titulaires (50 %) que les adjoints (29 %), les hommes (57 %) que les femmes (38 %), Alain Juppé réalise ses meilleurs scores dans les communes rurales (52 %) et en région parisienne (48 %). Nicolas Sarkozy, à 25 %, chute par rapport à la présidentielle de 2012 (38 %) et de 2007 (46 %). L’ancien élu de Neuilly obtient son meilleur résultat dans l’agglomération parisienne (31 %) et chez les sympathisants de droite (46 %), mais il provoque un rejet chez les pharmaciens proches du centre (87 % ne voteraient pas pour lui).
La perspective de l’élection présidentielle est encore lointaine, mais ce sondage donne déjà une idée des choix politiques qui se dessinent dans une profession très échaudée par des promesses pas toujours tenues.
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