PAS FACILE d’être à deux endroits à la fois. Même lorsque l’on est ministre de la Santé. Le week-end dernier, Roselyne Bachelot intervenait à Berlin, dans le cadre du premier sommet mondial consacré à la santé. Malgré cet impératif, elle tenait tout de même à être présente au 62e Congrès national des pharmaciens qui se déroulait de l’autre côté du Rhin, à Strasbourg. Pour y parvenir, la ministre s’est adressée aux congressistes via une interview vidéo dans laquelle elle répond aux questions du président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner. « Oui, je regrette de ne pouvoir être avec vous, puisque vous allez aborder toutes les questions relatives à l’avenir de l’officine », lance en préambule Roselyne Bachelot. « Dans la perspective de la loi HPST nous aurions pu avoir des échanges nombreux sur ce sujet, ajoute-t-elle. Nous les poursuivrons dans d’autres lieux, car vous savez les liens étroits que j’ai avec votre profession ». La ministre se prête ensuite au jeu des questions-réponses. Morceaux choisis.
• La loi HPST
L’article 38 de la loi HPST, définissant les missions qui incombent aux pharmaciens, est « un article fondateur », estime Roselyne Bachelot. Il représente un socle sur lequel il sera possible de construire. « Il y a des murs à bâtir et je veux le faire avec les pharmaciens », indique-t-elle. Comme elle l’a fait pour l’élaboration de la loi, elle souhaite en effet associer la profession à la rédaction des textes réglementaires nécessaires à la mise en musique de la loi HPST. Mais aussi à la mise en place du développement professionnel continu qui va regrouper la formation continue et l’évaluation des pratiques. « Je veux vraiment qu’on passe à une autre logique, c’est-à-dire que cela ne représente pas une corvée que l’on fait parce qu’il faut bien le faire, mais au contraire une véritable chance pour la profession pharmaceutique ».
• L’aménagement du réseau
Le maillage pharmaceutique de qualité, qui est un atout pour notre pays, doit aussi être compatible avec la viabilité des officines, affirme la ministre de la Santé. « C’est vrai que l’exercice pharmaceutique exige des moyens logistiques de plus en plus importants et qui sont incompatibles avec des tailles d’officines trop petites, explique-t-elle. Il y a certainement dans ce domaine des gains d’efficience à obtenir ». La ministre rappelle que des mesures « performantes » ont déjà été prises en 2008. Le gel temporaire des créations d’officine a ainsi permis le transfert ou le regroupement de plus de 260 pharmacies, souligne-t-elle. « Une excellente chose » à ses yeux.
Roselyne Bachelot reconnaît que l’on peut encore améliorer le processus, mais se dit réticente à l’idée d’une caisse de péréquation proposée par la FSPF et qui permettrait aux pharmacies en difficulté qui le souhaitent de quitter la profession. Toutefois, plus qu’une opposition entre la ministre et le syndicat, il semble surtout que Roselyne Bachelot n’a pas encore toutes les données en mains pour pouvoir se prononcer définitivement sur ce projet.
En attendant, Philippe Gaertner rappelle qu’il ne s’agit pas de taxer certains confrères mais de créer une sorte de « pot commun » auquel participerait l’État, la profession dans son ensemble et les acteurs de proximité qui bénéficieraient du chiffre d’affaires de l’officine fermée. « Il faut donner la possibilité au titulaire d’une officine surnuméraire et en difficulté de pouvoir la quitter », explique le président de la FSPF. « Il en va de notre responsabilité de ne pas laisser des confrères sur le bord de la route, poursuit-il. Nous avons besoin de solutions, cela peut en être une ». « Nous sommes la seule profession où les textes officiels ne prévoient rien sous prétexte que la pharmacie d’officine se porte bien », ajoute Yves Trouillet, président de l’Association de pharmacie rurale (APR).
Quoi qu’il en soit, Roselyne Bachelot annonce avoir demandé à un groupe de travail réunissant les syndicats, l’Ordre et les administrations concernées, en particulier celle des finances, de réfléchir aux voies et aux moyens qui permettraient d’assurer la viabilité des officines les plus fragiles.
• La rémunération
Avec l’arrivée prochaine des nouvelles missions prévues dans la loi HPST, la ministre admet que la rémunération uniquement liée à la vente des produits pharmaceutiques n’est plus forcément adaptée. Elle dit donc « oui » à un nouveau mode de rémunération. Mais à certaines conditions. D’abord, attention à ne pas déséquilibrer l’économie de certaines pharmacies. « Il faut bien mesurer les implications de ces nouveaux modes de rémunération sur l’exercice libéral et l’exercice de professionnels de santé, mais aussi sur l’exercice d’une entreprise commerciale, explique Roselyne Bachelot. Il ne faudrait pas fragiliser un certain nombre d’officines ». Ensuite, la ministre se veut très claire : ces nouveaux modes de rémunération doivent se situer dans le cadre de l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM). Elle attend donc des propositions et des expérimentations de la part de la profession qui tiendront compte de ces deux contraintes. « Je me réjouis que le 62e Congrès s’en occupe, et je vous donne rendez-vous, je l’espère, pour le 63e Congrès », conclut-elle. Roselyne Bachelot semble donc vouloir faire encore un bout de chemin avec les pharmaciens.
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