T. C. Boyle (« America », prix Médicis étranger) compte parmi les grands écrivains d’Amérique du Nord. Dans « San Miguel » (1), du nom d’une petite île perdue au large des côtes californiennes, il évoque les destinées contraires de deux familles venues s’y réfugier à un demi-siècle d’écart. Alors que Marantha, en 1888, atteinte de tuberculose, est traînée sur ce bout de terre balayée par le vent et la pluie par son mari, qui espère y faire fortune grâce au commerce de la laine des moutons, Élise, en 1930, considère cet isolement comme un nouveau départ salvateur.
Après une entrée remarquée en littérature (« Wisconsin »), Mary Relindes Ellis nous entraîne dans les « Bohemian Flats » (2), ces baraques de bois, dans la banlieue boueuse de Minneapolis, qui, au tournant du XXe siècle, regroupaient des immigrés de toutes les nationalités et religions. Fuyant l’obscurantisme et l’intolérance de la Bavière catholique, les deux fils d’un fermier et une jeune fille, poursuivie pour ses dons de guérisseuse, font l’apprentissage de la liberté dans cette communauté ouverte à toutes les pensées. Jusqu’à ce qu’éclate la Première Guerre mondiale et qu’ils soient rattrapés par leur identité allemande.
Tamara McKinley, née en Tasmanie et découverte avec le best-seller « la Dernière Valse de Mathilda », s’est fait une spécialité des sagas familiales australiennes. « L’Or du bout du monde » (3), dernier volet d’une trilogie où elle donne à voir la naissance d’une nation, commence en 1850, lorsqu’affluent de tous les horizons des aventuriers tentés, comme Ruby et James, descendants des premiers pionniers venus conquérir l’Australie, par la ruée vers l’or. Une cohabitation qui doit aussi être partagée avec les aborigènes.
Il a suffi à Joseph Boyden de quelques livres – « le Chemin des âmes » et « les Saisons de la solitude » – pour être considéré comme un des grands écrivains canadiens contemporains. « Dans le grand cercle du monde » (4), roman épique où la beauté le dispute à la violence, confirme la force de son inspiration. Il se déroule dans les espaces sauvages du Canada du XVIIe siècle et mêle les destins d’un jésuite français venu convertir les Indiens, d’un chef de guerre huron et d’une captive iroquoise, des ennemis alliés dans le même combat pour chasser les « corbeaux » venus prêcher sur leur terre.
L’intrigue de « Schroder » (5), premier livre traduit en français de l’Américaine Amity Gaige, célébré tant par la critique que par le public, va bien au-delà de la lettre où Erik Schroder explique à son ex-femme, du fond de sa prison, pourquoi il a commis l’irréparable en s’enfuyant avec leur fille de 6 ans. Ses souvenirs le ramènent à sa propre enfance en Allemagne de l’Est jusqu’à ses 5 ans, puis, lorsqu’il a été adolescent, à sa volonté de changer son nom pour devenir Eric Kennedy, de s’inventer un autre passé, une autre vie. Une fiction identitaire qui, au moment du divorce, lui coûte son droit de garde. Une réflexion tout en nuances sur l’identité et l’appartenance.
Juriste de formation et membre de nombreuses associations de défense des droits de l’homme, Corban Addison partage avec bonheur ses convictions dans « De l’autre côté du soleil » (6). L’intrigue est du sur-mesure, où deux adolescentes indiennes, orphelines après qu’un tsunami a emporté leur famille, sont enlevées et vendues à un bordel de Bombay. Un avocat américain engagé dans une ONG met tout en œuvre pour les sauver. Une descente aux enfers dans les arcanes des réseaux mondiaux de prostitution.
Fresques françaises au féminin.
Une saga créole est la transition idéale entre les auteurs étrangers et français, d’autant que, à tout seigneur tout honneur, elle est signée d’une altesse royale, la princesse Anne de Bourbon-Siciles. « Le Chant du pipiri » (7), son premier roman, s’étale de 1950 à nos jours et a pour thème l’amitié, puis l’amour, évidemment contrarié, entre la fille de Békés de Fort-de-France et le fils du régisseur noir de la propriété. Exilée à Paris, elle se découvre enceinte. Devenu adulte, son fils métis prend à son tour le chemin de la Martinique, à la rencontre des fantômes du passé.
Françoise Bourdin a écrit une quarantaine de romans, vendus à plus de 8 millions d’exemplaires en France et traduits en 12 langues. Paraît aujourd’hui « À feu et à sang » (8), la suite de « D’eau et de feu », qui nous emmenait dans un manoir victorien au cœur de l’Écosse, dans la famille recomposée du patriarche Angus et de sa nouvelle femme française. Dans ce volume, les rivalités repartent de plus belle après le décès du chef de famille, qui replace au premier plan la question de la succession.
Charlotte Valandrey est comédienne, mais aussi l’auteure de trois livres à succès dont, en 2005, « l’Amour dans le sang », où elle révélait sa séropositivité. « Vers le 8e Ciel » (9) est une autobiographie romancée où elle évoque, de façon à la fois légère et profonde, la quête amoureuse d’une quarantenaire. Une quête qui la conduit à essayer tous les moyens modernes de rencontre avant d’aller plus loin, vers l’amitié et le 8e ciel : une quête plus spirituelle, qui touche l’« après-vie » qu’elle a aperçue lorsque son cœur greffé (en 2003) s’est arrêté de battre pendant 22 secondes.
(2) Belfond, 470 p., 22,50 euros.
(3) L’Archipel, 477 p., 23,95 euros.
(4) Albin Michel, 596 p.,23,90 euros.
(5) Belfond, 342 p. 22 euros.
(6) Robert Laffont, 438 p., 22 euros.
(7) L’Archipel, 300 p., 19,95 euros.
(8) Belfond, 306 p., 21,50 euros.
(9) XO éditions, 361 p., 19,90 euros.
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