« LES PATIENTS ont certes des droits, mais aussi des devoirs ! » Quelle que soit la région de France, la réponse reste la même. Les médecins généralistes et les pharmaciens d’officines rencontrés dans le cadre des réunions organisées par « le Quotidien du pharmacien » et « le Quotidien du médecin » , en partenariat avec les Laboratoires Mylan, tiennent tous le même discours : il est urgent désormais de responsabiliser les patients. « À défaut, tous les efforts déployés pour développer les coopérations interprofessionnelles et donc améliorer la prise en charge du patient resteront vains », explique cet officinal de Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Prescription et dispensation du générique.
Une responsabilisation qui aurait pour objectif, en premier lieu, de faire accepter la prescription et surtout la dispensation de médicaments génériques. « Il est temps que les patients cessent de faire pression sur les médecins afin qu’ils obtiennent la prescription de médicaments princeps, en lieu et place de génériques », explique ainsi ce médecin généraliste de Digoin (Saône-et-Loire). En clair, les patients doivent être à la fois responsables de leur santé et de celle de l’assurance-maladie.
À l’origine de cette « crise d’autorité », le nombre « quasi exponentiel de demandes de Non substituables sur les ordonnances », précise ce praticien de Saint-Girons (Ariège). Au point que de plus en plus de médecins refuseraient de modifier leurs prescriptions et « laisseraient » les patients eux-mêmes « compléter les ordonnances et, plus généralement, s’arranger avec les officinaux ».
Des officinaux eux-mêmes empêtrés dans la promotion d’un dossier pharmaceutique (DP) qu’ils jugent très positivement mais que « les patients perçoivent plus comme un outil de régulation de leur propre consommation et donc comme un moyen de contrôler l’évolution des dépenses de santé », témoigne cet officinal lorientais. D’où l’idée émise par plusieurs de ses confrères de « rendre l’inscription au DP tout bonnement obligatoire ».
Risque iatrogène et observance.
Une position dictée à la fois par le désir de « ne plus passer des heures au comptoir à démontrer l’intérêt d’un outil qui permet de limiter le risque iatrogène et d’améliorer l’observance », ajoute cette officinale nantaise. Deux bénéfices que les patients ne voient que trop rarement d’emblée et qu’ils ont même tendance à minimiser dès lors que la dispensation concerne des produits touchant de près ou de loin à la sphère sexuelle, comme les antirétroviraux ou encore les médicaments contre le dysfonctionnement érectile, ajoute ce pharmacien de Marcq-en-Baroeul (Nord).
Ce désir des médecins et des pharmaciens de responsabiliser les patients trouve également sa source dans la politique conventionnelle qui lie les libéraux et l’assurance-maladie. La mise en place d’une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) vise en effet à développer la prévention et l’éducation à la santé, à améliorer la prise en charge des maladies chroniques, à favoriser le bon usage du médicament et à mieux coordonner les soins.
Autant d’objectifs qui passent bien évidemment par une implication des professionnels de santé concernés, mais aussi par l’adhésion des patients. Et c’est sans doute là que le bât blesse ! Comme l’indiquait Alain Coulomb, ancien directeur de la Haute autorité de santé (HAS) et auteur d’un livre blanc sur le sujet, « la ROSP place le patient au cœur d’un dispositif innovant ayant pour objectif l’amélioration de la qualité des soins et de la prise en charge des patients ». En clair, les professionnels de santé libéraux acceptent d’être plus responsabilisés par cette réforme à condition que les patients soient eux-mêmes davantage responsables.
À défaut, un sentiment de frustration risque fort de naître chez des médecins qui, à l’instar de ces praticiens de Millau (Aveyron), déplorent d’être « de plus en plus dépendants de l’assurance-maladie et de perdre leur autonomie de médecins ». D’où la quasi-obligation faite à l’assurance-maladie de communiquer davantage vers les patients pour leur expliquer l’évolution du système et la nécessité d’adhérer aux propositions des professionnels de santé libéraux.
Et cette pharmacienne de Limoge (Haute-Vienne) d’expliquer : « Nous pourrons faire tous les efforts nécessaires pour tenter de convaincre les patients de l’intérêt des médicaments génériques, nous n’y arriverons pas si l’assurance-maladie ne nous aide pas en particulier lorsqu’un incident trouve un écho démesuré dans les médias grand public. » Un souhait qui pourrait tout aussi bien concerner les nouvelles missions des pharmaciens dont encore trop peu de patients et de praticiens semblent avoir été informés et qui sont pourtant l’archétype de l’interprofessionalité.
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