Si, à l’heure actuelle, on évalue à 700 000 le nombre annuel de décès liés à l’antibiorésistance dans le monde (dont 5 500 en France), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la résistance aux antimicrobiens pourrait provoquer plus de 10 millions de décès par an en 2 050. En 2016, le ministère de la Santé a donc lancé un plan national interministériel pour réduire l’antibiorésistance avec, notamment, un volet recherche et innovation.
Comprendre l’antibiorésistance
« La maîtrise de l’antibiorésistance doit passer par une meilleure connaissance des mécanismes de sélection, de transmission et de dissémination des résistances aux antimicrobiens », indique Philippe Glaser, responsable de l’unité Écologie et évolution de la résistance aux antibiotiques à l’Institut Pasteur de Paris. Cela passe par la caractérisation de la biodiversité des résistances, de leurs voies de transmission au sein d’un secteur (homme, animal, environnement ou alimentation) et entre les différents secteurs, et des mécanismes de résistance et d’échappement aux traitements. Un travail qui nécessite de fonctionner en multidisciplinarité (épidémiologie, microbiologie, bio-informatique, sciences sociales, etc.) et d’abattre les frontières, « qu’elles soient intersectorielles, géographiques ou entre recherche fondamentale, clinique et industrielle », précise Philippe Glaser.
Pallier la pénurie de médicaments
L’arrêt de la production de certains antibiotiques et l’absence d’innovations dans ce secteur imposent de mettre en place de nouvelles stratégies thérapeutiques et préventives.
Des stratégies ciblant le pathogène : « Les antibiotiques doivent garder leur place dans la pharmacopée avec une meilleure utilisation ou en les sortant de leur utilisation habituelle pour les associer sur de nouvelles cibles », indique le Dr Bruno François, médecin coordonnateur du Centre d’investigation clinique du CHU de Limoges. Les bactériophages pourraient également compléter l’arsenal thérapeutique, « à condition d’être validés selon des standards internationaux », ajoute le médecin. Tout comme les peptides anti-microbiens, avec des indications thérapeutiques plus ciblées que ce qui a été fait jusqu’à présent. Enfin, les anticorps monoclonaux constituent une piste très prometteuse : ils n’ont pas de mécanisme de résistance connu, ont un profil de sécurité favorable, une longue durée de vie et peuvent être utilisés en traitement préventif ou préemptif.
Du côté de l’hôte, l’immuno-stimulation et l’immuno-restauration (anti-PDL1 et PDL-1, IL-7) pourraient permettre de diminuer les antibiothérapies préventives chez les patients immunodéprimés. Quant à la vaccination, contre la grippe hivernale notamment, elle permet d’éviter les surinfections bactériennes, pourvoyeuses de résistance aux antibiotiques.
Enfin, des stratégies visant le microbiote, comme l’utilisation de probiotiques ou les transplantations fécales ou de flore « présentent probablement un intérêt important pour lutter contre l’antibiorésistance », souligne le Dr François.
Innovations technologiques
Pour le Dr Frantz Thiessard, de l’Université Bordeaux 2 (INSERM), il est capital d’améliorer le diagnostic par le développement de tests rapides et à faible coût permettant d’identifier la résistance, le type de résistance et de définir le traitement adéquat.
La mise en place d’études épidémiologiques pour l’identification des résistances, de leur évolution et de leur propagation doit également être envisagée. Quant au Big data et l’intelligence artificielle, ils doivent également être mis à contribution : en utilisant les données de santé disponible (assurance-maladie, dossiers des hôpitaux, des laboratoires, des médecins, etc.), « il est possible d’améliorer la qualité des soins, de réduire les coûts et de créer des outils pour la recherche et l’innovation », estime le chercheur.
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