La décision du Parlement de Hanovre, saluée par l’ensemble de la profession pharmaceutique, est l’une des réponses à la dramatique série de meurtres commis entre 1999 et 2005 par un infirmier dans deux hôpitaux de la région, à Oldenburg et Delmenhorst. Déjà condamné à perpétuité, Niels Högel est actuellement rejugé, car des investigations et des autopsies récentes ont révélé qu’il avait tué au moins 100 patients, et non une trentaine comme initialement admis. Dans la plupart des cas, il injectait discrètement de l’ajmaline à des patients soignés en soins intensifs, et tentait ensuite de les réanimer, pour montrer son « dévouement » et ses compétences à sa hiérarchie. Il fut surpris en flagrant délit par une de ses collègues, mais l’instruction révéla l’insuffisance des contrôles effectués par les deux hôpitaux où il exerça successivement. Bien menés, ceux-ci auraient pu mettre beaucoup plus tôt un terme à cette macabre série.
Toutefois, soulignent les pharmaciens, ce vote régional - rappelons qu’en Allemagne, les hôpitaux dépendent des régions et non de l’État - va bien au-delà de cette affaire, car il officialise surtout un « nouveau métier » de la pharmacie, à savoir la présence permanente de pharmaciens travaillant directement au sein des services hospitaliers. Un certain nombre d’entre eux, appelés « pharmaciens de service hospitalier », exercent déjà ces missions dans plusieurs hôpitaux, mais leur engagement dépend jusqu’à présent du bon vouloir de ces derniers.
Une reconnaissance officielle de la pharmacie clinique
Comme l’explique le Pr Frank Doerje, président du syndicat allemand des pharmaciens hospitaliers, ces confrères restent d’abord des pharmaciens hospitaliers, rattachés à la pharmacie de leur hôpital. À l’hôpital universitaire d’Erlangen où il exerce, ces pharmaciens passent quatre jours par semaine dans les services hospitaliers pour gérer et optimiser l’ensemble des traitements médicamenteux, et le cinquième jour à la pharmacie.
Le syndicat, de même que l’Ordre régional de Basse-Saxe, voit dans le vote du Land une reconnaissance officielle de la pharmacie clinique et des compétences accrues des pharmaciens. Le chiffre de 150 nouveaux pharmaciens a été calculé en fonction des besoins estimés pour l’ensemble des services hospitaliers de Basse-Saxe, répartis dans 180 établissements publics et privés. Ces postes devront tous avoir été pourvus d’ici à 2022, bien que la nouvelle réglementation n’enchante guère la Fédération régionale des hôpitaux, qui s’inquiète de son coût. Le Pr Doerje estime au contraire que ces nouveaux postes permettront des avancées importantes en matière de sécurité et de qualité des traitements, au profit des patients. Il souhaite que tous les Länder prennent à leur tour une décision comparable, ce qui impliquerait la création de 1 500 postes au niveau du pays entier. « Nous avons tout à fait les moyens de le faire, y compris en termes de personnel, car de plus en plus de jeunes confrères se tournent vers la pharmacie clinique hospitalière et souhaitent faire carrière dans cette spécialité », ajoute-t-il.
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