L’IMPORTANT, c’est la première rencontre. Elle doit se faire d’un hélicoptère, d’où l’on survolera la baie de Guanabara découverte en 1502 par les Portugais, qui la prirent alors pour l’embouchure d’un fleuve. Rio de Janeiro : « Fleuve de janvier ». Le nom lui restera ainsi que cette vision de carte postale à l’heure où la lumière rasante du crépuscule balaye l’espace qui s’étend de l’île de Paquetá à celle du Gouverneur. Au-delà des quartiers Flamengo et Cosme Velho, voilà soudain le fameux Corcovado, montagne de 704 m sur laquelle se dresse la statue géante du Christ Rédempteur, embrassant la ville de ses bras ouverts et qui se drape parfois dans la brume, comme s’il préférait ne plus voir l’objet de ses bénédictions...
Ville des extrêmes, Rio est désespérément belle, vautrée dans son décor vénusien, sa luxuriance et sa langueur. Condamnée à la séduction perpétuelle, l’ancienne capitale ne dédaigne pas troquer sa parure contre des guenilles, comme si elle entendait démontrer par l’absurde que sa beauté ne doit rien à l’artifices des fards, de l’éclairage ou de la vêture... Mais, malgré pollution, violence, chaleur, misère, corruption, les Brésiliens aiment la vie et croient à la chance. Et, quand il s’agit de s’amuser, le Brésil en connaît un bout : foot, samba, carnaval, candomble, novellas... L’alegria est la chose la mieux partagée de Rio?; elle a ses temps forts telle la période du carnaval. Torride, exubérant, sensuel, c’est alors tout un pays qui vibre aux rythmes des écoles de samba, des défilés où se mêlent le strass et les plumes, les baterias et la cachaça (alcool de canne). Oui, ce pays pachyderme (17 fois la France) a vraiment des légèretés de libellule !
Rio-sur-plages.
Au milieu d’une végétation luxuriante, l’hélicoptère survole maintenant grandes demeures et immeubles à l’architecture audacieuse, côtoyant les baraques amoncelées des favelas, ces coulées de cendre qui ressemblent la nuit à des descentes aux flambeaux. Elles résistent mais le « bon droit » n’est pas de leur côté. C’est peut-être pourquoi la favela est une réalité si forte que le mot est passé dans le vocabulaire international.
À droite, voilà déjà l’escarpement de la roche de Gávea, qui verrouille l’horizon de sa paroi austère ; en contrebas, la mer vient briser ses rouleaux écumeux sur des rochers sans plage du parc Garota de Ipanema. Première évidence : Rio a choisi le paraître au détriment de la réalité. Plages, avenues du bord de mer et lagune présentent des contours harmonieux et bien dessinés, alors qu’à l’arrière-plan règne une anarchie qui grimpe dans un bric-à-brac de tôle et de chaux à l’assaut des morros, ces termitières colorées aux fourmis varappeuses harcelées par les promoteurs. Puis, soudain, sous sa tignasse tropicale, la cité ordonne sa folie avec la logique d’une harmonieuse composition : trois baies séparées par des avancées rocheuses, où se succèdent ces plages fameuses aux noms de dépliants touristiques (São Conrado, Leblon, Ipanema, Copacabana, Leme). Décor impressionnant à la beauté splendide et indéfinissable.
Rio n’existe que par et pour la plage qui la désigne aux regards du monde.
Tout comme Bahia est la ville de tous les saints, Rio est celle de toutes les modes. Et de tous les goûts. Les plaisirs de la table sont généreux, variés, évocateurs de cette diversité brésilienne qui, du sud au nord de cet immense pays, fait alterner toutes les influences. Sa feijoada évidemment, mais aussi tous les poissons de mer grillés accompagnés d’un petit vin blanc de Rio Grande do Sul – il y en a de gouleyants si l’on sait les choisir. Les amateurs de viande, quant à eux, s’arrêteront dans une churrascaria. Le carioca aime bien y venir en fin de semaine déguster ces énormes morceaux de viande grillée plantés sur une broche-épée dont le serveur appuie le bout pointu sur votre assiette pour en découper une tranche ; sans oublier le faux-filet, suivi du rumsteack, et de l’entrecôte... voici même la bosse du zébu 9 ! Et cela à volonté. !
Difficile de ne pas être un artiste à Rio de Janeiro. Dans cette ambiance, ce n’est plus une vocation, mais plutôt une fatalité, tant les sons, les couleurs, et les odeurs se répondent. Côté musique, Rio constitue l’un des thèmes privilégiés de la musique populaire brésilienne, tous genre confondus. « Mon coeur chante/ J’aperçois Rio/ Qui me manque à mourir/ Rio ta mer/ tes plages qui n’en finissent pas/ Rio ville faite pour moi/ (...) Dans une minute nous serons au Galeão/ Rio de Janeiro/ Copacabana/ L’eau qui scintille/ La piste qui approche/Nous atterrissons. » (« Samba do avião », Tom Jobin).
Nous, nous décollons. Mais nous reviendrons.
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