Ces conflits appellent deux constats. Le premier et le plus important, c’est qu’un accord social dûment négocié et signé par des organisations syndicales n’a plus force de loi : il peut être contesté, et de quelle manière, par les salariés concernés. Dans le cas de la SNCF, tout était prévu par les partenaires sociaux, y compris la CGT, et par le gouvernement pour qu’une petite grève de deux jours précède la discussion du projet de loi à l’Assemblée nationale. Tout était prévu, y compris les deux amendements proposés par le Froint de gauche et aussitôt adoptés. Dans ce cas, pourquoi avoir infligé aux usagers innocents ces dix jours de galère ? Parce que, aujourd’hui, tout est bon pour manifester sa colère contre l’autorité publique, tout est bon pour cesser le travail et manifester. Une infime minorité de travailleurs, les fameux « roulants », a réussi à paralyser le pays, à la grande surprise de Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, qui ne s’est jamais battu, dans cette affaire, que pour sauver la face de son organisation face à la surenchère de Sud-Rail, lequel lui pique des adhérents. C’est au nom de ces considérations mineures que les usagers sont sanctionnés.
Il en va de même pour les intermittents. Les partenaires sociaux ont conclu un accord pour réformer leur statut. Le gouvernement, épris de dialogue social, n’avait plus qu’à entériner ce texte. Les intermittents lui ont interdit de le faire, ont exigé des amendements, qui ont été apportés et ne les ont pas convaincus. La vérité, dans les deux crises, c’est l’argent. Le très coûteux statut des intermittents, réformé il y a plus de dix ans, leur est resté tellement favorable que leur nombre a doublé, passant à 250 000. N’est-on pas en droit de supposer que des menuisiers, des techniciens de l’électricité ou des couturières, considérés naguère comme des artisans, sont allés rejoindre un régime qui leur permet de toucher des indemnités de chômage après 507 heures de travail ?
Le repaire des réactionnaires.
Le deuxième constat, c’est la haine qu’inspire toute réforme. Elle constitue pourtant le vecteur indispensable du désendettement. Les salariés bénéficiant d’un statut spécial ne se rendent pas compte que, en occupant des emplois qui ne survivent que grâce à l’abondement de la collectivité nationale, ils empêchent des chômeurs de trouver du travail. Ni les employés de la SNCF ni les intermittents ne sont des gens riches. Mais ce sont, par rapport à d’autres métiers et surtout aux chômeurs, des privilégiés. Ils voudront d’autant moins l’admettre que le gouvernement, soucieux de protéger sa réputation humaniste, les traite avec d’immenses égards, jamais fâché des quolibets, des insultes, des imprécations qu’ils déversent sur lui. Est-ce de cette manière que l’on fait un pays dynamique, mobile, inventif, prêt à se battre ? François Hollande n’est pas un réformiste sanguinaire. Le régime des retraites, par exemple, n’a été modifié qu’à la marge, de sorte qu’il sombrera de nouveau dans le déficit. Il n’en a pas moins été enfanté dans la douleur et, surtout, en déchaînant les passions. Or nous faisons tous des sacrifices, nous payons plus d’impôts, les retraites sont gelées, les remboursements de l’assurance-maladie sont de moins en moins généreux, notre pouvoir d’achat diminue. Pourquoi y aurait-il des groupes qui échapperaient à l’effort national de redressement, et comment ces groupes peuvent-ils exiger d’être payés par ceux-là même qui, dans la société, ne disposent d’aucun statut particulier ? Les régimes spéciaux sont devenus le repaire des réactionnaires les plus virulents.
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