MADAME LA PRÉSIDENTE, j’ai longtemps hésité avant de vous écrire mais de nombreux confrères m’y ont encouragé, pensant que ça rendrait peut-être service à la profession. Cette année, je vais payer ma cotisation à regret, pour ne pas dire à contrecœur, et je vais vous en exposer les raisons.
Ce métier que j’ai choisi, je l’exerce avec conscience depuis 30 ans dans une petite commune semi-rurale de 2 500 habitants, à une quinzaine de kilomètres de Limoges, où je suis la seule officine. Depuis 10 ans, j’avais une convention avec un établissement médico-social situé sur ma commune hébergeant des personnes handicapées de toute sorte. Je réalisais, sur place, la préparation des doses à administrer pour tous les résidents non autonomes qui n’étaient cependant pas tous clients de mon officine. À la suite du rachat de cet établissement par une association, la nouvelle directrice a résilié le contrat qui me liait à cette institution et a publié dans la presse locale un appel d’offres pour la fourniture et la préparation des doses à administrer, alors que la fourniture des résidents est individuelle.
La plupart de mes confrères, respectueux de la loi et de la déontologie, n’ont pas répondu à cet appel. Cependant des confrères de ville, moins scrupuleux, se sont manifestés et ont accepté, sans état d’âme, de faire la préparation des doses gratuitement, sous forme de semainiers.
Depuis ce jour, les résidents qui souhaitaient toujours prendre leurs ordonnances chez moi ont été détournés de mon officine et j’ai été contrainte, ayant une chute importante de chiffre d’affaires, de licencier mon assistante.
Ayant déposé plainte au Conseil régional de l’ordre des pharmaciens (CROP) pour concurrence déloyale, aliénation de l’exercice du pharmacien et non respect du libre choix du client, j’ai été auditionnée par le président du CROP qui tenait manifestement à minimiser les faits. Après délibération, le CROP a estimé qu’il n’y avait pas de charges suffisantes pour traduire ces confrères en chambre de discipline.
Ce désaveu des CROP vis-à-vis des pharmaciens respectant scrupuleusement la législation et la déontologie au profit des pharmaciens « affairistes » aux méthodes douteuses, et plus motivés par l’appât du gain que par le bien être des patients, contribue à donner une image déplorable de la pharmacie d’officine.
Je souhaite, Madame la Présidente, attirer votre attention sur les dérives qui se produisent actuellement dans la profession et j’espère que vous aurez à cœur de défendre les principes de probité, de respect et de loyauté qui motivent encore, heureusement, la plupart de nos confrères.
Dans l’attente d’une réponse de votre part, veuillez agréer, Madame la Présidente, l’assurance de mes sentiments les meilleurs.
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