« L’officine de demain devra répondre à trois enjeux : démographique (vieillissement, augmentation des patients chroniques) ; politique, avec un système de santé passant du curatif au préventif (nouvelles missions, vaccination) ; et technologique, avec l’arrivée de la télémédecine et des objets connectés », explique Guillaume Blanchet, en ouvrant le débat « Pharmacie 2030 » qui s’est tenu à Bordeaux le 7 février, lors du Forum Santé et Avenir*, organisé par le quotidien « Sud-Ouest ».
L'officine du futur en cinq univers
Dans le cadre de sa thèse, ce jeune pharmacien vient d’élaborer (avec un architecte) un concept d’officine du futur, se déployant sur 3 à 400m² aménagés autour de cinq univers :
- Un pôle d’accueil, avec un comptoir de prise en charge immédiate et d’orientation
- Un espace convivial d’attente, avec tables et chaises (femmes enceintes, personnes âgées), coin enfants et bar à tisanes.
- Des boxes fermés, offrant une « vraie confidentialité » pour les entretiens et la délivrance des ordonnances ; les médicaments y étant acheminés par robot.
- Des boxes plus médicalisés, dédiés aux nouvelles missions (test, vaccins)
- Un espace e-santé, avec un bar à objets connectés présentant tensiomètres ou oxymètres au public, une cabine de télémédecine et une zone click & collect où les patients peuvent retirer leurs commandes Internet.
Dernier détail, les linéaires de cette pharmacie disposés exclusivement sur le pourtour de la surface de vente, proposent peu de produits, « mais mieux sélectionnés ».
Redéfinir les tâches de l’équipe
En regard de cette réorganisation physique, Guillaume Blanchet prône un réaménagement des postes dans l’officine : « L’objectif est de remettre le pharmacien au cœur de son métier (dispensation, conseils) et de lui dégager du temps pour les nouvelles missions qu’il est le seul habilité à exécuter. »
Aux titulaires, il attribue la gestion administrative et la qualité. Aux adjoints, les nouvelles missions et la stratégie digitale de l’officine (Internet, applis, réseaux sociaux). Des préparateurs seniors sont chargés de la délivrance des ordonnances simples. Les préparateurs juniors se spécialisent dans le conseil en orthopédie, phytothérapie, aromathérapie… grâce à des formations dispensées hors des laboratoires pharmaceutiques « pour une meilleure indépendance, précise Guillaume Blanchet. Elles joueraient aussi sur l’évolution des salaires et des carrières dans l’officine. »
Cette « vision » du futur a suscité de nombreuses réactions :
« Nous en rêverions tous, mais avec mes 80m² c’est irréalisable ! », reconnaît une pharmacienne. « Avec ce concept, vous enterrez 70 % de la profession, s’insurge cet autre pharmacien bordelais. Moi je pense qu’en 2030, il n’y aura plus de pharmacies avec des murs, les ventes se feront sur le Net et le pharmacien assurera la livraison au domicile du patient. »
« Certes, ce type d’officine n’est pas pour tous, reconnaît Guillaume Blanchet. Mais en 2030, avec les nouvelles missions, l’exercice solitaire du pharmacien n’aura plus court. Et vous remarquerez que toutes les officines qui se construisent aujourd’hui font au moins 250 à 300 m². »
Plus grinçant, un autre professionnel murmure : « Je crois que c’est la pharmacie idéale, mais d’hier ! »
Décidément, 2030 semble encore bien loin…
* Ce Forum a réuni 700 professionnels de santé et institutionnels pour échanger sur l’avenir de notre système de soins à l’horizon 2030.
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