L’aversion pour Nicolas Sarkozy et sa politique sécuritaire a notamment pris la forme d’un renvoi de décoration par quelques-uns de ceux qu’il a distingués. Par exemple, ce prêtre, qui lui a retourné la sienne, et l’a assortie d’un prodigieux exemple de charité chrétienne en souhaitant une crise cardiaque au président. Ou encore, cette anesthésiste et humanitaire de Pau qui, déjà, dans son humilité infinie, avait hésité à accepter la légion d’honneur, mais qui, s’y étant résignée, a décidé le 23 août de la renvoyer à un gouvernement avec lequel elle ne veut « plus rien avoir à faire ». Son geste, cependant, lui a valu une notoriété telle qu’on en vient à se demander, comme dans le cas du prêtre, si elle ne l’a pas souhaitée. Car, en se dressant de la sorte contre ce pouvoir honni, elle est sortie du lot des décorés, pour la plupart anonymes, et a fait d’une pierre deux coups : non seulement elle a eu la légion d’honneur (bravo), mais elle y a renoncé (encore bravo). Sans douter le moins du monde de sa sollicitude pour les damnés de la terre, on est en droit de se demander s’il n’y a pas, dans sa décision spectaculaire, assortie de longs articles dans la presse, une forte part de narcissisme, qui jure avec cette compassion pour les Roms qu’elle porte désormais en bandoulière, à défaut de la médaille qu’elle avait sur la poitrine.
HUMEUR
Question d’honneur
Publié le 02/09/2010
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› RICHARD LISCIA
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2769
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