DE NOMBREUX JOURNAUX estimaient la semaine dernière que le pacte fragile entre le président et François Fillon est désormais rompu et que le chef du gouvernement doit se préparer à son éviction. Si cette prédiction est vraie, le Premier ministre y est largement préparé ; il a battu un record de longévité dans ses fonctions actuelles, il est relativement populaire et n’a cessé d’offrir aux yeux de l’opinion publique une contrepartie rassurante aux effets de manche du chef de l’État. Il se servira de son image d’homme compétent, sérieux et responsable pour poursuivre sa carrière politique et se déclarer candidat à la présidence en 2017. C’est une date éloignée, il y aura pléthore de candidats et, si la gauche l’emporte en 2012, les chances de la droite seront probablement très faibles cinq ans plus tard, surtout si, entre-temps et comme il faut l’espérer, la croissance est revenue.
Bien qu’il n’ait pas d’atomes crochus avec M. Fillon, rien n’oblige M. Sarkozy à se séparer de lui. Il pourrait même trouver beaucoup d’avantages à son maintien à Matignon, à commencer par le fait que la vertu première du chef du gouvernement, c’est qu’il éteint vite les incendies allumés par son patron, notamment au sein de la majorité. Il représente donc une force de rassemblement au moment où M. Sarkozy doit pouvoir compter sur la totalité de son électorat naturel s’il veut garder une chance d’être réélu ; d’autant que la deuxième vertu de M. Fillon est une loyauté qui n’a jamais fait défaut au président même quand celui-ci a bousculé celui-là, et plus souvent qu’à son tour. Toutefois, les médias ne semblent plus croire à une reconduction de M. Fillon au poste de Premier ministre. D’où des supputations multiples sur son remplaçant. On parle beaucoup de Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie, qui réunit humanisme et activisme et défend ses causes, par exemple l’environnement, avec un salutaire acharnement. M. Borloo a tout ce qu’il faut pour rallier autour de son nom la plupart des centristes (il est à la fois UMP et radical), ce qui devrait avoir pour avantage d’affaiblir un peu plus François Bayrou. Il serait cependant souhaitable que M. Sarkozy évite, cette fois, de prendre une décision de cette importance par seul calcul électoral. La chute de sa popularité l’incite sans doute à envisager quelques mesures désespérées, mais il y va de l’intérêt du pays qui, quoi qu’en dise l’opposition, a besoin des réformes qu’il a mises en route et doit à tout prix redresser ses comptes dans les mois et les années qui viennent.
Copé, Alliot-Marie, Barouin ?
De ce point de vue, M. Borloo n’a pas exactement la réputation d’un ministre avare de ses deniers. Peut-être est-il trop romantique pour se cantonner à l’austérité comptable. C’est pourtant ce qu’il nous faut et, dans ces conditions, il y a des hommes de droite considérés comme plus efficaces que M. Borloo, par exemple Jean-François Copé, ancien ministre du Budget sous Chirac et actuel chef des élus UMP à l’Assemblée nationale. M. Copé, qui, depuis longtemps a annoncé qu’il était candidat à la présidence en 2017 (il prend son souffle), ne serait pas intéressé par un emploi à durée déterminée qui risque de limiter sa liberté d’action et donc l’influence indéniable qu’il exerce au sein de la majorité. Sa nomination, comme celle de Michèle Alliot-Marie, qui nous semble moins improbable, achèverait la réunification des chiraquiens et des sarkozystes. Un rassemblement indispensable pour écarter le danger que Dominique de Villepin fait peser sur M. Sarkozy au premier tour. Comme chef du gouvernement, M. Copé serait sans doute compétent et il a l’atout de la jeunesse. Un autre jeune compétent, c’est François Baroin qui, lui, n’a pas un plan de carrière aussi ambitieux que celui de M. Copé.
En d’autres termes, le président de la République dispose d’un large éventail de personnalités mais elles n’auraient pas toutes le même rôle. Comme nous l’avons déjà dit, il mettra fin à la rupture et à l’ouverture et se séparera des ministres issus de la gauche. C’est une page importante qu’il referme, celle d’un moment historique où il a cru et nous a fait croire que la « guerre civile » était terminée en France, que les vieux dogmes disparaissaient au profit du pragmatisme, que le pays allait enfin se moderniser. Son repli stratégique de 2010 correspond aussi à la fin de quelques espoirs non négligeables. Ce que ses électeurs lui reprochent, c’est d’avoir gâché les chances qu’il s’était données.
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