SURTOUT, ne pas se lancer dans la liste des musiciens nés à Vienne ou ayant décidé d’y vivre. L’énumération est interminable. Par facilité, on s’en tient donc aux classiques : Mozart, Haydn et quelques autres. Et surtout Beethoven. À tous les coins de rue, on tombe sur une maison où il a vécu. « Appartement de Beethoven », « Maison de Beethoven, dite maison Pasqualiti », « Maison de l’Héroïca », « Maison de Beethoven dite du Testament d’Heiligenstadt », « Salle commémorative », etc. Sans oublier les cafés où l’on montre la table du grand homme. Il n’existe sans doute pas en Europe d’article folklorique plus répandu que les résidences viennoises du musicien. Probablement incarne-t-il pour la capitale autrichienne le commencement de ce qui demeure son authentique âge d’or, le XIXe siècle. D’ailleurs, la ville s’est-elle tout à fait habituée au XXIe siècle ? On continue à y réclamer « de la musique avant toute chose » et l’on voit chaque jour – le soir, vers six ou sept heures – des femmes en robe longue et des hommes en smoking prendre le métro ou le tramway pour se rendre au concert.
Point d’orgue de cette joie de vivre, le carnaval. Rien à voir avec ceux du Brésil ou des Caraïbes. Ici, il dure plusieurs mois. Mais les grands moments se passent du 31 décembre à la fin février. Et c’est dans le froid glacial qu’on se rend de bal en bal. Ça tombe bien, il y en a des ribambelles. Pour cette année, on en recense plus de 300. Celui des ramoneurs et celui des bourgeois du troisième arrondissement ; celui des cafetiers viennois ou celui des compagnies d’assurances, celui du parti socialiste. Au bal de l’Impératrice Marie-Thérèse, ce sont les femmes qui invitent leurs cavaliers ; à celui des confiseurs, un jury élit parmi les jeunes filles une « Miss Bonbon » qui reçoit son poids de sucreries !
Appel à la valse.
Point de départ de la saison : le bal de l’Empereur. Le soir du réveillon, au palais impérial. La Hofburg a été la résidence des Habsbourg pendant plus de six cents ans. Le château abrite aujourd’hui les anciens appartements impériaux, des musées, une église, la Bibliothèque nationale, l’École d’équitation espagnole et les bureaux du président de la République. Au total, plus de 2 600 pièces, réparties sur 18 ailes avec un mélange de styles qui va du gothique à toutes les fantaisies du XIXe siècle. Très impressionnant. Robes longues, smokings obligatoires et suites in?interrompues de valses sous les lustres des anciens empereurs.
L’autre grand bal de la saison est le bal de l’Opéra. Il se déroule dans le bâtiment du même nom dans les premiers jours de février. En 1869, le jour de l’inauguration de l’opéra, l’empereur François-Joseph ne fut pas tendre avec « l’âme de Vienne ». « C’est terrible, on dirait une tortue », s’est-il exclamé. En fait, l’Opéra, qui a été construit sur la Ringstrasse dans un style néorenaissance, ressemble plutôt à une gare – certes très belle – mais les Viennois reprochaient surtout aux architectes d’avoir confondu chemin de fer et art lyrique. La chute de la monarchie austro-hongroise en 1918 ne gêna que momentanément les fêtes impériales données à l’opéra. Trois ans plus tard y retentissait à nouveau le traditionnel appel à la valse, Alles Walzer ! Après la Deuxième Guerre mondiale, le bal de l’Opéra renoua avec la tradition en février 1956, dans un Opéra national reconstruit presqu’à l’identique. Le décor est grandiose. De majestueux escaliers que l’on grimpe au son des fanfares ; d’immenses salons croulant sous les fleurs. De jolies jeunes filles slalomant comme des anges au milieu de centaines de palmiers en pot. Sous les robes blanches des Sissi se tapissent des rêves de Lolita.
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