TITULAIRE DEPUIS 2008 à Saulieu (Côte-d’Or), Nathalie Bessard découvre le départ de deux médecins au moment de son installation. Pour lutter contre la désertification médicale, elle fédère autour d’elle un ensemble de professionnels de santé. Épaulée par Nadine Grossetête, infirmière libérale et adjointe au maire chargée des services à la personne, la pharmacienne créée l’Association des professionnels de santé du Morvan, en juin 2010, puis le Pôle de santé Auxois-Morvan à Saulieu, en septembre dernier. D’abord réunis autour de formations continues interprofessionnelles, ils commencent à travailler ensemble autour du maintien à domicile (MAD) des personnes âgées. Un projet monté en accord avec l’ARS de Bourgogne qui finance le fonctionnement du pôle santé. « Nadine Grossetête est l’infirmière coordinatrice, en contact avec les praticiens hospitaliers, le patient, le pharmacien, les infirmières, les auxiliaires de vie, le kinésithérapeute, les services d’aide sociale, etc. », explique la pharmacienne. Aujourd’hui, l’initiative est en place et fonctionne. Un bel exemple de coordination qui vient contrecarrer le défaut du siècle : « Nous avons tous tendance à travailler en autarcie. »
Jean-Charles Tellier, président du Conseil central A de l’Ordre des pharmaciens, souligne l’importance pour les officinaux d’être à l’origine des initiatives de coordination. « La loi HPST fait du pharmacien l’interlocuteur privilégié du patient, il est le point commun de tout parcours de soins, quel que soit le professionnel de santé consulté. Le pharmacien doit donc prendre conscience de tout ce qu’il peut faire dans le cadre de la loi HPST. » D’ailleurs, pour Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le pôle de santé est une structure « particulièrement pertinente pour assurer la coordination, car chacun reste dans son territoire et le patient est mis au centre de la stratégie ». Il faut désormais que ces initiatives deviennent pérennes et il compte sur les ARS pour être un accompagnant essentiel dans la durée. « Cela demande un très fort investissement des professionnels de santé, il ne faut pas les lâcher au bout d’un an ! »
Épanouie.
Pour Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), cet exemple démontre que l’on donne les moyens à ceux qui veulent prendre des initiatives sur leur territoire. « Nous sommes au début d’une démarche. Chaque fois qu’on découvre des expériences comme celle de Nathalie Bessard, on rencontre des professionnels de santé épanouis. » Ce que confirme la pharmacienne qui avoue sa « satisfaction personnelle de faire mon métier d’une façon éloignée de l’aspect commerçant, de faire des rencontres formidables, d’avoir la chance d’être entourée d’une équipe géniale à l’officine et d’une autre équipe soudée au bureau du pôle de santé ». Épanouie. Le qualificatif sied parfaitement à la titulaire. Elle incite d’ailleurs ses confrères à se lancer : « Il ne faut pas hésiter à frapper aux portes, à sortir de l’officine, à aller vers la municipalité. C’est un travail d’équipe qui dépasse les libéraux puisque nous travaillons aussi avec l’hôpital. » Un angle essentiel dans le cadre du MAD, qui est à la fois une volonté des patients préférant bien souvent une prise en charge à domicile, combinée à une nécessité économique de réduction des coûts.
Mais attention, prévient Philippe Gaertner, les temps d’hospitalisation sont de plus en plus courts et « la suite pèse sur la ville, cela entraîne des économies pour l’hôpital mais il n’y a aucun transfert de fond vers la ville et cet impact doit être pris en compte. » Ce que Jean-Charles Tellier résume parfaitement : « Je ne vois pas pourquoi le pharmacien devrait travailler gratuitement. »
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