Le « jeu de la mort », mercredi sur France 2

Quand la télé commande

Publié le 15/03/2010

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MERCREDI PROCHAIN sur France 2, vous pourrez découvrir une nouvelle émission de téléréalité poussée à l’extrême. Son nom, « Le jeu de la mort »*. Une première qui sera aussi une dernière. Non pas parce que tous les candidats n’auront pu survivre à l’épreuve, mais parce qu’il s’agit en fait d’une expérience scientifique réalisée à leur insu. Imaginé sur le modèle du fameux test de Milgram des années soixante, le « docu-jeu » de Christophe Nick reprend le principe de l’essai mené à l’époque pour comprendre les mécanismes de la soumission aux nazis. Ici, l’autorité n’est pas scientifique, mais télévisuelle. Dans ce « jeu », les candidats (naïfs) posent des questions à un autre joueur (comédien). À chaque mauvaise réponse, ceux-ci lui administrent des décharges électriques d’intensité croissante (de 80 à 460 volts). Il n’y a pas d’argent à gagner. Le faux candidat questionné crie, hurle, puis finit par se taire, comme mort… Résultat du test : 80 % des questionneurs sont allés jusqu’au bout du jeu. Ni pouvoir hiérarchique, ni autorité militaire, les joueurs ne sont soumis qu’au seul pouvoir de la télé incarné par la belle animatrice. « On ne pensait pas, en commençant l’expérience, que la télé avait autant de légitimité », confie Christophe Nick. Néanmoins, dans ce « jeu de la mort », les candidats réagissent exactement comme les étudiants de Milgram : « C’est inhumain », « Ça ne me fait pas plaisir », disent-ils. Mais ils envoient tout de même la décharge. Un comportement dicté par ce que les psychologues appellent l’« état agentique », qui les met en position d’agent d’exécution. L’expérience est concluante, estime la chaîne publique qui démontre, par cette version extrême, les dérives d’une certaine téléréalité. À noter que, parmi les 80 candidats « piégés », 77 ont accepté d’être montrés après qu’on leur a révélé la vraie nature de leur participation. Seulement 3 ont refusé, dont un qui avait organisé un véritable acte de résistance contre le jeu. Aux protestations bruyantes des bourreaux, répond ainsi le silence pudique de la résistance.

* France 2, 17 mars, 20h35.

› DIDIER DOUKHAN