Les chercheurs ont recruté 194 étudiants en médecine, inscrits à des cours d'introduction à la psychologie et aux neurosciences, et leur ont réparti de façon aléatoire des rôles de médecins ou de patients. Les « médecins » appliquaient une « soi-disant » crème antalgique appelée « Thermedol » ou une crème contrôle, puis la peau des « patients » était chauffée jusqu'à une température de 48 °C, de manière à provoquer l'apparition de légères douleurs transitoires.
Au moment de l'application de la crème, les patients devaient noter la douleur ressentie sur une échelle allant de 1 à 100 (critère de jugement subjectif). Une évaluation plus objective de la douleur était fournie par la mesure de la conductivité cutanée. L'étude était conduite en double aveugle. L'originalité réside dans le fait que le Thermedol et le contrôle étaient deux placebos.
Tout est dans la préparation
Les « médecins » faisaient l'objet d'un pré-conditionnement visant à les convaincre de la supériorité du Thermedol sur le contrôle. Pour cela, ils subissaient le même traitement que les « patients », à ceci près que les expérimentateurs, décidément très fourbes, trichaient sur la température : la peau était chauffée localement à 43 °C avant l'application du Thermedol et à 48 °C après application du contrôle, et à 43 °C. Non informés de l'entourloupe, les « médecins » ressentaient donc moins de douleur lors de l'application du Thermedol.
Lors de l'application par les médecins, les auteurs ont constaté une « transmission sociale de l'effet placebo » induit chez les soignants. La conductivité cutanée, et donc la douleur ressentie par les « patients », connaissait en effet un pic après application du Thermedol alors qu'elle restait plate après le contrôle. Par ailleurs, la douleur ressentie était significativement augmentée de 7,35 points en moyenne.
L'importance de la communication non verbale
Comment les médecins ont-ils transmis leur conviction de la supériorité d'une crème sur l'autre ? La réponse à cette question a été fournie par l'analyse des images fournies par les caméras fixées sur la tête des patients. Les algorithmes d'analyse ont enregistré des différences importantes dans l'expression faciale et la communication non verbale des médecins lors des applications respectives du Thermedol et de la crème contrôle. Les médecins se montraient moins distants et plus empathiques lors de l'application de la crème dont ils étaient persuadés de l'efficacité.
Ce travail « montre l'importance de l'interaction entre patients et médecins » lors de la prise en charge, concluent les auteurs. Ils estiment que ces mécanismes psychosociaux qui lient soignants et soignés devraient être mieux étudiés, voire intégrés dans l'évaluation des médicaments et des protocoles de prise en charge.
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