M. HOLLANDE a fort bien compris que, état de grâce ou pas, c’est au tout début de son mandat qu’un président de la République imprime sa marque. Qu’il s’agisse de la diminution des salaires de ses ministres, de l’allocation de rentrée aux familles, de sa décision d’évacuer nos troupes d’Afghanistan au plus tard à la fin de l’année de la renégociation du pacte de stabilité européen ou de la parité hommes-femmes, exécutée au millimètre au sein du gouvernement, il n’a pas bougé d’un fil.
Le président Hollande a bel et bien l’intention de tenir toutes ses promesses électorales et veut faire en sorte que les Français ressentent, dans les mois qui viennent, les effets du changement. Cela est vrai des enseignants, profession qui le soutient et à laquelle le nouveau ministre de l’Éducation, Vincent Peillon apportera une renfort de 1 000 nouvelles recrues, quoi qu’il en coûte. M. Peillon a été si rapide au sujet de la semaine scolaire de 5 jours qu’il a fallu lui rappeler qu’il doit ouvrir une concertation avec les syndicats. Cela est vrai des familles bénéficiaires de l’allocation de rentrée et du coup de pouce au SMIC promis par Michel Sapin. Cela est encore plus vrai au niveau des symboles, ne serait-ce que grâce à la nomination (complètement inattendue) de Christiane Taubira à la Justice, qui apaisera peut-être des magistrats que Nicolas Sarkozy a souvent indignés. Le président normal procède à une normalisation générale des relations de l’État avec ses administrés et ses fameux corps intermédiaires que M. Sarkozy vilipendait il y a à peine quinze jours.
Une belle construction.
De ce point de vue, et en dépit du refus de Martine Aubry d’y participer, le gouvernement est une belle construction. Il ressemble à l’un de ces bâtiments d’architecte qui semblent s’envoler et défient la gravité. On y trouve une recherche minutieuse de l’équilibre, pourtant fragile, entre courants socialistes et entre socialistes, Verts et radicaux de gauche.
C’est ainsi que le nouveau ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et son secrétaire d’État aux Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, ont milité pour le « non » au traité constitutionnel européen en 2005. Ce n’est pas par hasard. Sûr de lui, comme il l’est depuis plus d’un an, M. Hollande envoie ainsi un message à Angela Merkel : oui, nous, les Français, sommes des gens très compliqués, mais il faut compter avec nos idées. Pas un hasard non plus si le chantre de la démondialisation et du protectionnisme européen, Arnaud Montebourg est nommé ministre du Redressement productif, une autre façon de dire réindustrialisation.
Jean-Marc Ayrault a déclaré que toutes les dépenses engagées par son gouvernement seraient financées. On peut s’attendre à coup sûr à une dégelée d’impôts et beaucoup moins à une réduction de la dépense publique qui, pourtant, atteint un pourcentage alarmant du produit intérieur brut. Mais là n’est pas le sujet pour le moment, car il faut gagner les législatives et donc annoncer les bonnes nouvelles avant d’appliquer des mesures de rigueur. Clairement, M. Hollande a donné la priorité à toute une série de mesures qui, symboliques ou plus implantées dans le terrain de la réalité, annoncent une politique à l’opposé de celle de son prédécesseur. Il n’a cessé de laisser entendre, pendant la campagne, que, en somme, il éliminerait aussi vite que possible les traces laissées par M. Sarkozy sur la société française. Il n’a cessé de présenter son adversaire d’alors comme un anti-modèle, un peu comme si faire exactement le contraire était un idéal. Cela va des salaires des ministres (ils seront moins chers, mais plus nombreux) à une autre politique européenne, d’une fiscalité plus lourde à des accommodements avec la réforme des retraites, ou encore l’adoption d’une charte déontologique signée par tous ses ministres. M. Hollande, dans son désir de plaire au peuple, abolira-t-il aussi les précieux instruments de modernisation (réforme des retraites, révision des politiques publiques, réforme de la justice et autonomie des universités du pays) que son prédécesseur a mis en place ? On espère qu’il distinguera le bon grain de l’ivraie dans l’héritage qu’il a reçu.
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